Article15 En vue de l'exercice du droit de vote et sous réserve des dispositions de l'article 152 du présent code, le territoire est divisé en circonscriptions électorales qui sont le département et la commune. Le nombre de siÚges à pourvoir est fixé par la loi selon les critÚres démographique et territorial. Article 16 Les circonscriptions visées à l'alinéa premier de l'article
Code Ă©lectoralChronoLĂ©gi Article L37 - Code Ă©lectoral »Version Ă  la date format JJ/MM/AAAAou duVersion en vigueur depuis le 01 janvier 2019 Naviguer dans le sommaire du code Tout Ă©lecteur peut prendre communication et obtenir copie de la liste Ă©lectorale de la commune Ă  la mairie ou des listes Ă©lectorales des communes du dĂ©partement Ă  la prĂ©fecture, Ă  la condition de s'engager Ă  ne pas en faire un usage commercial. Tout candidat et tout parti ou groupement politique peuvent prendre communication et obtenir copie de l'ensemble des listes Ă©lectorales des communes du dĂ©partement auprĂšs de la prĂ©fecture, Ă  la condition de s'engager Ă  ne pas en faire un usage commercial. ConformĂ©ment aux dispositions du I de l'article 5 du dĂ©cret n° 2018-350 du 14 mai 2018, les dispositions de la loi organique n° 2016-1048 du 1er aoĂ»t 2016 entrent en vigueur le 1er janvier reporter aux dispositions du III dudit article 5 en ce qui concerne les dĂ©rogations aux dispositions des I et II du mĂȘme en haut de la page Ace propos « l’article L.38 du code Ă©lectoral indique les documents Ă  prĂ©senter pour demander son inscription sur les listes Ă©lectorales. », indique le communiquĂ©. Pour ce qui est du certificat de rĂ©sidence, la commission prĂ©cise que « ce document administratif n’est pas l’unique moyen pour le demandeur de prouver sa rĂ©sidence.

Question N° 7505 de M. Le Roux Bruno Socialiste, radical, citoyen et divers gauche - Seine-Saint-Denis QE MinistĂšre interrogĂ© IntĂ©rieur, outre-mer et collectivitĂ©s territoriales MinistĂšre attributaire IntĂ©rieur, outre-mer et collectivitĂ©s territoriales Question publiĂ©e au JO le 16/10/2007 page 6278 RĂ©ponse publiĂ©e au JO le 18/03/2008 page 2382 Rubrique Ă©lections et rĂ©fĂ©rendums TĂȘte d'analyse bulletins de vote Analyse conditions de validitĂ© Texte de la QUESTION M. Bruno Le Roux attire l'attention de Mme la ministre de l'intĂ©rieur, de l'outre-mer et des collectivitĂ©s territoriales sur l'incohĂ©rence des dĂ©cisions des commissions de propagande Ă©lectorale relatives aux emblĂšmes pouvant figurer sur les bulletins de vote. Lors des derniĂšres Ă©lections lĂ©gislatives, les dĂ©cisions de ces commissions ont manquĂ© d'unitĂ© dans le dĂ©partement de la Seine-Saint-Denis. Le cas le plus absurde fut celui d'une commission de propagande qui prit des dĂ©cisions totalement contradictoires pour un mĂȘme candidat. Sur la base de l'article L. 52-3 du code Ă©lectoral, cette commission accepta, au premier tour, les bulletins de vote arborant plusieurs emblĂšmes et, lors du second tour, les rejeta parce qu'ils comportaient plus d'un emblĂšme. Cette derniĂšre dĂ©cision est d'autant plus incomprĂ©hensible qu'elle va Ă  l'encontre d'une jurisprudence administrative fermement Ă©tablie, selon laquelle les dispositions de l'article L. 52-3 du code Ă©lectoral ne font pas obstacle Ă  ce que plusieurs emblĂšmes soient imprimĂ©s sur les bulletins de vote. Outre le coĂ»t qu'elles constituent pour les deniers publics, l'instabilitĂ© et l'imprĂ©visibilitĂ© des rĂšgles Ă©lectorales portent atteinte Ă  notre dĂ©mocratie. C'est pourquoi il lui demande quelles mesures elle entend prendre pour que le droit Ă©lectoral soit uniformĂ©ment appliquĂ© sur le territoire national par les commissions de propagande Ă©lectorale. Texte de la REPONSE ConformĂ©ment Ă  la jurisprudence du Conseil constitutionnel dĂ©cision n° 97-2167 du 23 octobre 1997, Hauts-de-Seine, 1re circ., il entre exclusivement dans les pouvoirs de la commission de propagande de refuser les circulaires et bulletins de vote qui ne respecteraient pas les prescriptions du code Ă©lectoral et de la loi du 29 juillet 1881 relatives Ă  la prĂ©sentation matĂ©rielle des documents Ă©lectoraux. Les instructions ministĂ©rielles diffusĂ©es par les prĂ©fets dans le cadre de la prĂ©paration des Ă©lections lĂ©gislatives de 2007 relayaient cette jurisprudence en vue de lever toute ambiguĂŻtĂ© sur les attributions des commissions de propagande. Il n'en demeure pas moins que des dĂ©cisions sujettes Ă  contestation ont pu ĂȘtre adoptĂ©es, du type de celles que dĂ©crit l'honorable parlementaire. Le Gouvernement en a tenu compte en apportant une modification rĂ©cente au texte de l'article R. 38 du code Ă©lectoral relatif aux attributions de la commission de propagande, maintenant ainsi rĂ©digĂ© La commission n'assure pas l'envoi des circulaires qui ne sont pas conformes aux articles R. 27 et R. 29 [du code Ă©lectoral] et des bulletins de vote qui ne sont pas conformes Ă  l'article R. 30 et aux prescriptions Ă©dictĂ©es pour chaque catĂ©gorie d'Ă©lections ». La libertĂ© d'apposer un emblĂšme rĂ©sultant de l'article L. 52-3 du mĂȘme code, toute contestation Ă  cet Ă©gard Ă©chappe dĂ©sormais clairement Ă  la compĂ©tence de la commission de propagande.

Larticle L.47 du code Ă©lectoral prĂ©cise que « les conditions dans lesquelles peuvent ĂȘtre tenues les rĂ©unions Ă©lectorales sont fixĂ©es par la loi du 30 juin 1881 sur la libertĂ© de rĂ©union et par la loi du 28 mars 1907 relative aux rĂ©unions publiques ». Ainsi, les rĂ©unions Ă©lectorales sont libres et peuvent se tenir sans autorisation ou dĂ©claration prĂ©alable (articles 1 ers des
ï»żArticle L97 Ceux qui, Ă  l'aide de fausses nouvelles, bruits calomnieux ou autres manoeuvres frauduleuses, auront surpris ou dĂ©tournĂ© des suffrages, dĂ©terminĂ© un ou plusieurs Ă©lecteurs Ă  s'abstenir de voter, seront punis d'un emprisonnement d'un an et d'une amende de 15 000 euros. Article prĂ©cĂ©dent Article L96 Article suivant Article L98 DerniĂšre mise Ă  jour 4/02/2012
complétantla loi n°9-97 formant code électoral, telle qu'adoptée par la chambre des conseillers et la chambre des représentants. Fait à Rabat, le 20 moharrem 1424 (24 mars 2003). Pour contreseing : Le Premier ministre, DRISS JETTOU. Loi n° 64-02 modifiant et complétant la loi n° 9-97 formant code électoral Article premier
Au Maroc, le Code Ă©lectoral de 1997 est le texte lĂ©gislatif qui comporte un dispositif regroupant en une seule rĂ©fĂ©rence juridique uniforme, moderne et d'accĂšs facile la lĂ©gislation Ă©lectorale en vigueur et dont les textes sont Ă©pars et diversifiĂ©s[1]. Il a Ă©tĂ© adoptĂ© le 2 avril 1997 et a connu des amendements jusqu'en 2008. En 2011, Ă  l'occasion de l'adoption de la constitution du 1er juillet, un nouveau code Ă©lectoral vient abroger la plupart de ses dispositions Ă  la part la deuxiĂšme partie et le cinquiĂšme titre de la troisiĂšme partie qui restent applicables au sujet des Ă©lections des chambres professionnelles. PrĂ©sentation Le code est composĂ©e de cinq parties ExposĂ© des motifs; PremiĂšre partie Établissement et rĂ©vision des listes Ă©lectorales gĂ©nĂ©rales; Titre Premier Établissement des listes Ă©lectorales gĂ©nĂ©rales; Chapitre Premier Conditions d'inscription et incapacitĂ©s Ă©lectorales; Chapitre 2 ProcĂ©dure d'Ă©tablissement des listes Ă©lectorales gĂ©nĂ©rales; Titre II RĂ©vision et adaptation des listes Ă©lectorales gĂ©nĂ©rales Chapitre premier RĂ©vision des listes Ă©lectorales; Chapitre 2 Traitement informatique des listes Ă©lectorales en vue de leur adaptation; Titre III Contentieux relatif aux listes Ă©lectorales gĂ©nĂ©rales. DeuxiĂšme partie Dispositions communes Ă  l'organisation des rĂ©fĂ©rendums et Ă  l'Ă©lection des conseillers rĂ©gionaux, des membres des assemblĂ©es prĂ©fectorales et provinciales, des conseillers communaux et des membres des chambres professionnelles; Titre premier Dispositions gĂ©nĂ©rales relatives aux cartes d'Ă©lecteurs, aux candidatures et Ă  la durĂ©e du mandat; Chapitre premier Cartes d'Ă©lecteurs; Chapitre 2 Conditions d'Ă©ligibilitĂ© et inĂ©ligibilitĂ©s; Chapitre 3 DurĂ©e du mandat, dĂ©lais des opĂ©rations Ă©lectorales et modalitĂ©s de dĂ©pĂŽt des candidatures; Titre II Campagne Ă©lectorale; Titre III Le vote; Chapitre premier OpĂ©rations prĂ©paratoires au scrutin; Chapitre 2 ModalitĂ©s de vote; Chapitre 3 DĂ©pouillement, recensement des votes et proclamation des rĂ©sultats; Titre IV Contentieux Ă©lectoral. Titre V DĂ©termination et sanction des infractions commises Ă  l'occasion des Ă©lections. TroisiĂšme partie Dispositions spĂ©ciales Ă  l'organisation des rĂ©fĂ©rendums et Ă  l'Ă©lection des conseillers rĂ©gionaux des membres des assemblĂ©es prĂ©fectorales et provinciales, des conseillers communaux et des membres des chambres professionnelles. Titre premier Dispositions spĂ©ciales Ă  l'organisation des rĂ©fĂ©rendums; Titre II Dispositions spĂ©ciales Ă  l'Ă©lection des conseillers rĂ©gionaux; Titre III Dispositions spĂ©ciales Ă  l'Ă©lection des membres des assemblĂ©es prĂ©fectorales et provinciales; Titre IV Dispositions spĂ©ciales Ă  l'Ă©lection des conseils communaux; Titre V Dispositions spĂ©ciales Ă  l'Ă©lection des membres des chambres professionnelles; QuatriĂšme partie Financement et utilisation des moyens audiovisuels publics lors des campagnes Ă©lectorales menĂ©es Ă  l'occasion des Ă©lections gĂ©nĂ©rales communales et lĂ©gislatives. Titre premier Participation de l'Ă©tat au financement des campagnes Ă©lectorales menĂ©es par les partis politiques; Titre II DĂ©penses des candidats Ă  l'occasion des campagnes Ă©lectorales; Titre III Utilisation des moyens audiovisuels publics; CinquiĂšme partie Dispositions transitoires et finales. Amendement Le code Ă©lectoral marocain a Ă©tĂ© amendĂ© par les textes suivants NumĂ©ro Dahir de promulgation numĂ©ro de la loi numĂ©ro du date du Lien de tĂ©lĂ©chargement de la Principales Amendements 1 Dahir n° 1-03-83 du 20 moharrem 1424 24 mars 2003 64-02 5096 03-04-2003 [1] Age d'Ă©lecteur 18 au lieu de 20 ans les commissions administratives de rĂ©vision des listes Ă©lectorales 2 Dahir n° 1-07-07 du 3 rabii I 1428 23 mars 2007 23-06 3 Dahir n° 1-08-150 du 2 moharrem 1430 30 dĂ©cembre 2008 36-08 5696 01-01-2009 [2] Notes et rĂ©fĂ©rences ↑ PrĂ©ambule du Code Ă©lectoral Voir aussi Articles connexes Liens externes DerniĂšre mise Ă  jour du contenu le 25/11/2019.

Linscription a Ă©tĂ© effectuĂ©e le : (6) jour mois annĂ©e (1) Application des articles L. 25, L. 26, L. 27, L. 30, L. 32, L. 34, L. 35 et L. 40 du Code Ă©lectoral. (2) Pour PARIS, LYON et MARSEILLE indiquer l’arrondissement. (3) Cocher la case M pour le sexe masculin, F pour le sexe fĂ©minin. (4) Écrire 97 pour les personnes nĂ©es dans

Cela avait Ă©tĂ©, lors de l'Ă©lection prĂ©sidentielle, un point soulevĂ© par le Conseil constitutionnel dans quatre communes de la Somme, de la NiĂšvre, de l'IsĂšre et de l'ArdĂšche, le second tour du scrutin avait Ă©tĂ© purement et simplement annulĂ© plus d'un millier de suffrages concernĂ©s pour une question de gestion de la clĂ© de l'urne. Le magistrat dĂ©lĂ©guĂ© du Conseil constitutionnel ayant constatĂ© que les clĂ©s de l'urne Ă©taient dĂ©tenues dans des conditions contraires aux dispositions de l'article L63 du code Ă©lectoral », les Sages ont dĂ©cidĂ© d'annuler l'ensemble des suffrages exprimĂ©s dans ces communes ». Une dĂ©cision aussi lourde de consĂ©quences oblige Ă  bien connaĂźtre et comprendre les rĂšgles en la matiĂšre. Que faire en cas d'absence momentanĂ©e ? Sauf que ce fameux article L63 du Code Ă©lectoral n'est pas totalement explicite sur la façon dont les membres du bureau de vote doivent gĂ©rer les clĂ©s de l'urne. Il prĂ©cise que, avant le commencement du scrutin, l'urne doit avoir Ă©tĂ© fermĂ©e Ă  deux serrures dissemblables, dont les clĂ©s restent, l'une entre les mains du prĂ©sident, l'autre entre les mains d'un assesseur tirĂ© au sort parmi l'ensemble des assesseurs. » Le mĂȘme article du Code Ă©lectoral dispose que si, au moment de la clĂŽture du scrutin, le prĂ©sident n'a pas les deux clefs Ă  sa disposition, il prend toutes les mesures nĂ©cessaires pour procĂ©der immĂ©diatement Ă  l'ouverture de l'urne. » D'autres prĂ©cisions en matiĂšre de clĂ©s sont indiquĂ©es dans la circulaire du 16 janvier 2020 relative au dĂ©roulement des opĂ©rations Ă©lectorales lors des Ă©lections au suffrage universel direct. PremiĂšrement, le fait que le prĂ©sident du bureau de vote est responsable » d'une des deux clĂ©s permettant l'ouverture de l'urne. DeuxiĂšmement, que , si l'urne est pleine, elle doit ĂȘtre verrouillĂ©e et qu'une seconde urne, dont les clĂ©s sont conservĂ©es dans les mĂȘmes conditions » que la premiĂšre, est utilisĂ©e. Mais l'expression entre les mains » utilisĂ©e dans le Code Ă©lectoral laisse Ă  penser que le prĂ©sident et l'assesseur qui ont les clĂ©s doivent les garder en permanence sur eux. Que se passe-t-il, dĂšs lors, s'ils s'absentent momentanĂ©ment du bureau ? Doivent-ils garder les clĂ©s sur eux, ce qui signifie que les clĂ©s sortent du bureau, ou bien les transmettre Ă  une autre personne le temps de leur absence, pour garantir qu'elles restent dans le bureau ? Ce sont ces questions que l'AMF a transmises, en urgence, hier, au ministĂšre de l'IntĂ©rieur. Confier la clĂ© au supplĂ©ant Le ministĂšre a rappelĂ© qu'en effet, il n'est pas obligatoire que les quatre membres du bureau prĂ©sident, secrĂ©taire et assesseurs soient prĂ©sents en permanence pendant l'ensemble des opĂ©rations Ă©lectorales. Les membres du bureau peuvent s'absenter temporairement » mais, en revanche, il est obligatoire qu'au moins deux membres, titulaires ou supplĂ©ants », soient prĂ©sents Ă  tout moment dans le bureau de vote. Ces membres doivent ĂȘtre le prĂ©sident ou, s'il est absent, son supplĂ©ant ou le plus ĂągĂ© des assesseurs ; et un assesseur ou son supplĂ©ant. Sur la question de la clĂ©, la rĂ©ponse du ministĂšre est claire celle-ci ne doit pas sortir du bureau de vote. Si le prĂ©sident s'absente, il doit donc confier la clĂ© de l'urne Ă  son supplĂ©ant ou au plus ĂągĂ© des assesseurs ». Et en tout Ă©tat de cause, il paraĂźt indispensable que les deux dĂ©tenteurs de la clĂ© ne soient jamais absents en mĂȘme temps. Concernant les autres motifs d'irrĂ©gularitĂ©s qui peuvent amener Ă  l'invalidation d'un scrutin, nos lecteurs peuvent se rĂ©fĂ©rer Ă  la circulaire du 16 janvier 2020, tĂ©lĂ©chargeable sur le site de l'AMF ; ainsi qu'aux articles que Maire info a consacrĂ©s aux irrĂ©gularitĂ©s constatĂ©es lors de la derniĂšre Ă©lection prĂ©sidentielle, le 14 avril et le 5 mai derniers. PrĂ©cisons Ă©galement que le ministĂšre de l'IntĂ©rieur a rappelĂ©, ce matin, que contrairement Ă  l'Ă©lection prĂ©sidentielle, l'heure officielle de fermeture des bureaux de vote, dimanche, sera 18 heures et non 19 heures. Une fermeture plus tardive ne peut ĂȘtre dĂ©cidĂ©e que par arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral. Rappelons qu'il est interdit de fermer un bureau de vote avant l'heure lĂ©gale, mĂȘme si tous les Ă©lecteurs ont votĂ© – ce point Ă©tant, lui aussi, un motif d'annulation du scrutin. Cahors n°109011 ; Conseil Constitutionnel, 97-2237, 29 janvier 1998, AN Essonne Be); -Hors de France: par les autoritĂ©s consulaires (article R. 72-1 du code Ă©lectoral). b) Electeurs pouvant voter par procuration En application de l'article 4 de la loi organique n° 2018-280 du 19 avril 2018 relative Ă  l'organisation de la consultation sur l'accession Ă  la pleine souverainetĂ© de la
RĂ©sumĂ©s La recherche historique s’est longtemps intĂ©ressĂ©e aux modalitĂ©s de l’entrĂ©e du droit de vote universel dans la constitution du Reich allemand. Comment y est-on parvenu, quelles en furent les consĂ©quences sur le systĂšme politique, c’est ce que cet essai s’attache Ă  mettre en lumiĂšre. Une attention particuliĂšre est portĂ©e sur la publicitĂ© du vote, sur le spectacle des campagnes Ă©lectorales, et sur le rituel du vote. Dans l’Empire allemand, on le verra, put s’établir une culture Ă©lectorale de masse venant renforcer les prĂ©tentions du parlement Ă  reprĂ©senter le peuple. On peut voir ainsi dans la pratique Ă©lectorale l’anticipation symbolique d’une souverainetĂ© populaire » absente de fait de la constitution. Historical research has spent a good deal of time on interpreting how universal suffrage entered the German Empire’s constitution. The article explains the when, how and why and analyses the consequences for the political system. The main focus will be on public representations of suffrage, on the spectacle of electoral battle and polling rituals. It will be shown that a culture of elections with mass appeal could be established in the German Empire, reinforcing the Reichstag’s claim as representation of the people. Consequently, election practice can be understood as symbolic anticipation of a “sovereignty of the people” not existing in the real constitution. Wie das allgemeine Wahlrecht in die Verfassung des Deutschen Kaiserreichs gelangte, hat die historische Forschung lange beschĂ€ftigt. Der Aufsatz erklĂ€rt, wie es dazu kam, und analysiert, welche Konsequenzen sich fĂŒr das politische System ergaben. Das Hauptaugenmerk wird dabei auf die öffentlichen ReprĂ€sentationen des WĂ€hlens gerichtet, auf das Spektakel der WahlkĂ€mpfe und auf das Ritual des Wahlakts. Im Deutschen Kaiserreich, so wird gezeigt, konnte sich eine massenwirksame Kultur des WĂ€hlens etablieren, die die GeltungsansprĂŒche des Reichstags als Volksvertretung stĂ€rkte. Die Praxis des WĂ€hlens kann somit als symbolische Antizipation einer „VolkssouverĂ€nitĂ€t“ gelten, die es in der realen Verfassung nicht de page Texte intĂ©gral 1 Les principaux constitutionnalistes allemands ont dĂ©crit la monarchie constitutionnelle comme un sy ... 1Au soir du 25 janvier 1907, les rues de Berlin Ă©taient en proie Ă  la plus grande confusion. Partout on se rĂ©unissait pour discuter des Ă©lections au Reichstag, les vendeurs de journaux distribuaient des Ă©ditions spĂ©ciales, les maisons d’édition affichaient les rĂ©sultats sur les façades des immeubles et les cinĂ©mas offraient leurs Ă©crans pour la circonstance ill. 1. Jusqu’au bout, la campagne Ă©lectorale avait Ă©tĂ© dure et passionnĂ©e. La politique coloniale avait Ă©tĂ© placĂ©e au cƓur des dĂ©bats. Quoique au-dessus des partis » selon la lettre du constitutionnalisme, le gouvernement impĂ©rial s’était largement impliquĂ© dans la campagne, reprochant aux adversaires de l’expansion coloniale, sociaux-dĂ©mocrates et catholiques du Zentrum, leur manque de loyautĂ© Ă  la nation1. La population en Ă©moi voulut alors connaĂźtre la composition de la nouvelle assemblĂ©e. Les rues et les cafĂ©s furent pris d’assaut. Ill. 1 Nuit Ă©lectorale Ă  Berlin. Annonce des rĂ©sultats et projection des portraits des candidats devant le siĂšge de notre Ă©diteur Ullstein & Co dans la Kochstraße, dessins de Fritz Koch, Berliner Illustrirte Zeitung, n° 5, 3 fĂ©vrier 1907, p. 67. 2 John Röhl, Wilhelm II. Der Weg in den Abgrund. 1900-1941, MĂŒnchen, C. H. Beck, 2008, p. 552-553. Su ... 2On sait moins, en revanche, comment l’empereur Guillaume II passa cette soirĂ©e d’élections. Suivit-il de prĂšs les Ă©vĂ©nements ? Se fit-il communiquer les rĂ©sultats circonscription par circonscription ? Discuta-t-il de leurs consĂ©quences politiques avec ses conseillers ? On peut penser qu’il s’intĂ©ressa de prĂšs Ă  l’issue des Ă©lections et aux effets de la campagne gouvernementale qu’il avait inspirĂ©e. C’est ce que montre sa rĂ©action aux rĂ©sultats du deuxiĂšme tour de scrutin, dans la premiĂšre circonscription de la capitale, Berlin-Mitte, pour ainsi dire aux portes de la rĂ©sidence du souverain. Le candidat soutenu par le gouvernement l’ayant emportĂ©, Ă  la surprise gĂ©nĂ©rale, contre un social-dĂ©mocrate2, l’empereur, immĂ©diatement aprĂšs la publication du rĂ©sultat, se montra au balcon du Palais Ă  la foule qui l’attendait et qui accueillit avec joie ce geste de gratitude ill. 2. Ill. 2 Manifestation devant le chĂąteau royal de Berlin, aprĂšs le scrutin de ballottage du 5 fĂ©vrier. Dessin de M. Plinzer, Illustrirte Zeitung Leipzig, n° 3320, 14 fĂ©vrier 1907, p. 247. 3Ces Ă©lections de 1907 au Reichstag furent en mesure de mobiliser de larges pans de la population, non seulement le jour mĂȘme de l’élection, mais aussi tout au long de la campagne Ă©lectorale. ÉvĂ©nement mĂ©diatique de masse, elles ont maintenu pendant plusieurs semaines l’opinion publique en haleine. 3 Cet essai est basĂ© sur les travaux suivants d’Andreas Biefang Die Reichstagswahlen als demokrat ... 4 Cf. Thomas Mergel, Überlegungen zu einer Kulturgeschichte der Politik », Geschichte und Gesellsch ... 5 Sur l’évolution de la considĂ©ration publique des parlements et de leur pouvoir symbolique, cf. Wern ... 4Cet article s’attachera Ă  replacer ces Ă©lections dans le cadre de la culture politique du Reich3. Seront Ă©tudiĂ©s ici leurs aspects rituels et performatifs ainsi que leur signification politique – thĂšmes rĂ©cemment dĂ©veloppĂ©s par l’historiographie allemande4. Les formes symboliques d’action liĂ©es aux Ă©vĂ©nements Ă©lectoraux ont contribuĂ© Ă  exprimer les conflits relatifs Ă  l’ordre politique impĂ©rial. L’intensitĂ© et le style de la campagne Ă©lectorale, l’organisation du scrutin, l’acte mĂȘme du vote, l’attitude des diffĂ©rents acteurs et la perception qu’en eut le public contribuĂšrent Ă  asseoir la position du Reichstag au sein des structures institutionnelles du Reich. Tous ces Ă©lĂ©ments Ă©taient de nature Ă  affaiblir le pouvoir du Parlement national ou – lorsqu’ils semblaient lĂ©gitimer ses prĂ©tentions – de le fortifier5. Avant d’évoquer les aspects performatifs du vote, l’article se propose de prĂ©senter briĂšvement le systĂšme constitutionnel du Reich puis d’analyser les modalitĂ©s des opĂ©rations Ă©lectorales. Le suffrage universel dans l’histoire de la dĂ©mocratie en Allemagne 6 Pour les termes de la constitution du Reich, cf. Ernst-Rudolf Huber [dir.], Dokumente zur deutschen ... 7 Pour un aperçu gĂ©nĂ©ral des rĂ©sultats des Ă©lections et des statistiques, cf. Gerhard A. Ritter en c ... 5Le droit de vote introduit en 1867 dans la ConfĂ©dĂ©ration de l’Allemagne du Nord et en 1871 dans le Reich allemand Ă©tait, selon l’article 20 de la Constitution, universel » masculin, direct et secret6. Tout homme ĂągĂ© de plus de 25 ans possĂ©dait le droit de suffrage sous rĂ©serve de ne pas bĂ©nĂ©ficier de l’aide aux pauvres ou de ne pas ĂȘtre sous les drapeaux. Ce droit crĂ©ait un lien immĂ©diat entre une large part de la population masculine adulte – environ 20 % de la population totale – et les institutions du Reich7. Selon les critĂšres du xixe siĂšcle, ce systĂšme comptait parmi les plus libres et les plus dĂ©mocratiques. Le suffrage universel masculin formait l’élĂ©ment moderne, dynamique, de la Constitution, auquel ne semblait pas vraiment correspondre le pouvoir rĂ©el du Parlement national. 8 Cf. Jörg-Detlef KĂŒhne, Volksvertretungen im monarchischen Konstitutionalismus 1814-1918 », in H ... 6Certes, le Reichstag n’était pas un parlement faible. Dans le domaine lĂ©gislatif, avant tout, ses attributions Ă©taient importantes. Les lois du Reich ne pouvaient ĂȘtre adoptĂ©es qu’avec son approbation. Et le droit qu’il avait de dĂ©poser des propositions de loi lui permettait de peser sur l’agenda politique. Les recettes et dĂ©penses de l’État Ă©taient Ă©galement soumises Ă  une loi votĂ©e par le Parlement. Toutefois, les prĂ©rogatives du Reichstag Ă©taient sur trois points fondamentaux limitĂ©es par celles de la monarchie8. Tout d’abord, il n’avait aucune influence immĂ©diate sur la composition prĂ©cise du gouvernement. Le chancelier du Reich, chef de l’exĂ©cutif, ne dĂ©pendait, du moins selon les termes de la Constitution, que de la confiance de l’empereur. La part la plus importante du budget, allouĂ©e Ă  l’armĂ©e, n’était pas soumise Ă  une approbation annuelle, escamotant la souverainetĂ© budgĂ©taire du Reichstag. Enfin, celui-ci ne disposait pas du droit de se convoquer ou de se dissoudre lui-mĂȘme. Le Bundesrat Conseil fĂ©dĂ©ral pouvait Ă  tout moment, de concert avec l’empereur, dissoudre le Reichstag et ordonner de nouvelles Ă©lections dans les soixante jours. Ainsi, la menace de dissolution planait en permanence sur la tĂȘte des dĂ©putĂ©s. 9 Au sujet de la prĂ©sumĂ©e voie particuliĂšre », cf. en rĂ©sumĂ© Sandrine Kott, Sonderweg », in Chris ... 7Les historiens eurent longtemps du mal Ă  expliquer comment le droit de vote dĂ©mocratique » avait pu faire son entrĂ©e dans une Constitution marquĂ©e du sceau de l’État autoritaire. Ils observaient que le droit de vote n’avait pas Ă©tĂ© conquis d’en bas » Ă  la suite d’une rĂ©volution mais, au cours de la rĂ©volution, accordĂ© d’en haut » par l’État. Les gouvernements allemands, en particulier celui de la Prusse, rejetant pour des raisons idĂ©ologiques le droit de vote dĂ©mocratique, c’est une interprĂ©tation fonctionnelle centrĂ©e sur Otto von Bismarck qui dominait. Le ministre-prĂ©sident de la Prusse aurait travaillĂ© Ă  l’introduction du suffrage universel au niveau du Reich afin de s’opposer Ă  la volontĂ© du courant libĂ©ral de participer au gouvernement. Il aurait gardĂ© en mĂ©moire l’expĂ©rience douloureuse des victoires triomphales, en Prusse, de l’opposition libĂ©rale grĂące au systĂšme inĂ©galitaire d’un corps Ă©lectoral divisĂ© en trois classes Dreiklassenwahlrecht et favorisant les classes possĂ©dantes. Les promoteurs de la rĂ©forme Ă©lectorale auraient ainsi vu dans l’élargissement du suffrage un soutien potentiel pour le gouvernement conservateur. Le suffrage universel masculin, dans cette perspective, Ă©tait assimilĂ© Ă  instrument de pouvoir inspirĂ© du bonapartisme, apte Ă  endiguer la parlementarisation du systĂšme. Son introduction prĂ©maturĂ©e par rapport Ă  l’Angleterre Ă©tait analysĂ©e comme un Ă©lĂ©ment constitutif du Sonderweg » allemand, anti-libĂ©ral et antiparlementaire, si souvent invoquĂ©9. 10 Cf. Andreas Biefang, ModernitĂ€t wider Willen. Bemerkungen zur Entstehung des demokratischen Wahlr ... 11 Karl Obermann, Die Wahlen zur Frankfurter Nationalversammlung im FrĂŒhjahr 1848, Berlin RDA, Verla ... 12 Manfred Botzenhart, Deutscher Parlamentarismus in der Revolutionszeit 1848-1850, DĂŒsseldorf, Droste ... 13 Andreas Biefang, Politisches BĂŒrgertum in Deutschland. Nationale Organisationen und Eliten 1857-186 ... 8Toutefois, l’analyse dĂ©taillĂ©e de la genĂšse de la loi Ă©lectorale invalide cette thĂšse10. Bien au contraire, l’introduction du suffrage universel masculin en 1867-1871 marque, semble-t-il, une Ă©tape importante dans l’histoire de la dĂ©mocratie en Allemagne. Elle doit d’abord beaucoup Ă  la tradition, certes rĂ©cente, qui a modelĂ© ce droit depuis la rĂ©volution allemande de 1848. Le suffrage quasi universel fut en effet appliquĂ© pour la premiĂšre fois lors des Ă©lections Ă  l’AssemblĂ©e nationale constituante d’avril et mai 1848. Toutefois, ces Ă©lections furent organisĂ©es par les États membres de la ConfĂ©dĂ©ration germanique, alors mĂȘme que les lois Ă©lectorales du moment ne respectaient pas le plus souvent les standards les plus Ă©lĂ©mentaires, de sorte que l’on ne peut pas vraiment parler d’élections dĂ©mocratiques11. L’AssemblĂ©e nationale issue des Ă©lections, le Parlement de Francfort, adopta de son cĂŽtĂ© le 28 mars 1849 une loi Ă©lectorale introduisant le suffrage universel, Ă©galitaire et secret12. Cette loi rĂ©sultait d’un large compromis entre les partisans constitutionnels de la monarchie prussienne hĂ©rĂ©ditaire et les dĂ©mocrates attachĂ©s Ă  la participation du peuple aux Ă©lections. En raison de la rĂ©pression de la rĂ©volution par l’armĂ©e, elle n’entra pas en application, mais elle ne disparut pas pour autant de la conscience des protagonistes. Lorsqu’au dĂ©but des annĂ©es 1860 la rĂ©pression contre-rĂ©volutionnaire se relĂącha, elle fut de nouveau inscrite Ă  l’agenda politique. Depuis octobre 1862, la loi Ă©lectorale de 1849 – constituant avec la monarchie hĂ©rĂ©ditaire prussienne le compromis libĂ©ral-dĂ©mocratique de Francfort – faisait partie des revendications fondamentales d’un mouvement national large et variĂ© ayant son centre organisationnel dans le Deutscher Nationalverein13. 9Les revendications populaires ne suffirent nĂ©anmoins pas Ă  imposer le droit de vote dĂ©mocratique. C’est la conjoncture politique propre Ă  la fondation du Reich qui le rendit possible. Le suffrage universel Ă©tait pour ainsi dire le prix Ă  payer par Bismarck, ses alliĂ©s conservateurs et les nationaux-libĂ©raux de tendance conservatrice pour l’avĂšnement du Reich. Les raisons Ă©taient tout d’abord liĂ©es Ă  la politique extĂ©rieure, la rĂ©fĂ©rence au suffrage universel Ă©tant de nature Ă  mettre l’Empire multinational des Habsbourg sur la dĂ©fensive et, dans le mĂȘme temps, Ă  donner plus de force au rejet de demandes de compensation des puissances europĂ©ennes. Mais c’est une raison impĂ©rieuse de politique intĂ©rieure, la nĂ©cessitĂ© de rassembler la nation allemande qui s’avĂ©ra dĂ©terminante. Ce n’était qu’au travers d’un plĂ©biscite sous forme de droit de vote dĂ©mocratique que l’État-nation nouvellement créé pouvait acquĂ©rir stabilitĂ© et crĂ©dibilitĂ©. En effet, d’autres facteurs d’intĂ©gration Ă  l’État central Ă©taient Ă  cette Ă©poque quasi inexistants. Les armĂ©es prussienne, bavaroise, saxonne restaient attachĂ©es Ă  leur État respectif. Le titre d’empereur ne fut dans un premier temps guĂšre plus que l’intitulĂ© administratif portĂ© par le roi de Prusse en tant que prĂ©sident du Bundesrat. Il se devait encore d’acquĂ©rir l’aura d’un monarque national. Dans cette situation, tant Bismarck que le Parti national-libĂ©ral en gestation se virent contraints de renouer avec la loi Ă©lectorale rĂ©volutionnaire de 1849, quand bien mĂȘme leur idĂ©ologie eĂ»t dĂ» les pousser Ă  prĂ©fĂ©rer une loi Ă©lectorale graduĂ©e selon la richesse et le niveau d’éducation. 14 Études rĂ©capitulatives sur les mouvements Ă©lectoraux et les thĂšmes centraux de campagne, cf. Brett ... 15 Sur le concept de politisation fondamentale », Ă  savoir la transition de la politique des Ă©lites ... 10Quant aux citoyens, ils firent usage de ce droit octroyĂ© d’en haut » avec toujours plus d’entrain14. La participation Ă©lectorale crĂ»t presque continĂ»ment de 1871 Ă  1912 de 51 % en 1871 elle passa Ă  60 % en 1874 et 70 % en 1887, et aux Ă©lections de 1907 et 1912, elle atteignit plus de 84 %, niveau de mobilisation qui mĂȘme dans les dĂ©mocraties consolidĂ©es d’aujourd’hui apparaĂźtrait exceptionnel – et ceci bien qu’une voix ait considĂ©rablement moins de poids dans une circonscription urbaine Ă  forte densitĂ© que dans les rĂ©gions rurales peu peuplĂ©es. Dans le mĂȘme temps, le nombre de circonscriptions Ăąprement disputĂ©es continuait d’augmenter, ce que montre le nombre de ballottages, passant de 45 en 1871 Ă  190 en 1912. Une part croissante de la population voyait dans les Ă©lections parlementaires un processus auquel il Ă©tait avantageux de prendre part, tant pour dĂ©cider de l’orientation politique que pour afficher publiquement son opinion. Les Ă©lections au Reichstag constituent ainsi le moteur du processus dĂ©signĂ© par l’historiographie comme la politisation fondamentale » de la population15. On peut alors se demander quel rĂŽle eut le spectacle des Ă©lections dans cette politisation. Le spectacle de la campagne Ă©lectorale intĂ©gration conflictuelle et montĂ©e des Ă©motions 11Les Ă©lections parlementaires allemandes Ă©taient un processus complexe s’étalant sur une longue pĂ©riode et que l’on peut structurer en diverses Ă©tapes de lieu, de temps et d’action. Le processus commençait par l’annonce officielle de la date des Ă©lections, incluait la prĂ©paration administrative de la journĂ©e du scrutin depuis la fixation des circonscriptions Ă©lectorales jusqu’au choix des bureaux de vote et Ă  la mise Ă  disposition des instruments nĂ©cessaires, en passant par l’établissement des listes Ă©lectorales et la nomination du prĂ©sident du bureau de vote. Le versant proprement politique incluait le dĂ©pĂŽt des candidatures, la campagne Ă©lectorale dans toutes ses dimensions, ainsi que la distribution des bulletins de vote. L’acmĂ© Ă©tait atteinte le jour du scrutin avec l’accomplissement de l’acte Ă©lectoral lui-mĂȘme. Venaient ensuite le comptage des bulletins, l’annonce officielle des rĂ©sultats, suivie de la cĂ©lĂ©bration de la victoire par les candidats, les partis et leurs sympathisants. Le scrutin Ă©tait dĂ©finitivement clos aprĂšs la proclamation des rĂ©sultats des scrutins de ballottage. Au total, trois mois pouvaient s’écouler entre la fixation de la date des Ă©lections et l’annonce officielle des rĂ©sultats. 16 Les meilleures Ă©tudes sur la culture Ă©lectorale sont celles de Margaret L. Anderson, Practicing Dem ... 17 § 17 de la loi Ă©lectorale impĂ©riale. Sur tous les aspects du droit Ă©lectoral de l’Empire, cf. Juliu ... 12Dans ce processus, c’est la campagne Ă©lectorale qui durait le plus longtemps16. Elle commençait le jour de l’annonce de la date du scrutin pour s’achever le jour du vote. À cette Ă©poque, et ce depuis la proclamation de l’Empire, les rĂ©unions et les associations Ă©lectorales Ă©taient sous la protection lĂ©gale du Reich17. La loi Ă©lectorale impĂ©riale stipulait que les associations spĂ©cialement créées en vue de la prĂ©paration des Ă©lections ne l’étaient que pour la durĂ©e des opĂ©rations Ă©lectorales et ne devaient pas ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des associations politiques. L’autorisation du pouvoir n’était donc pas nĂ©cessaire pour leur crĂ©ation. Ce privilĂšge juridique profita surtout aux sociaux-dĂ©mocrates, lesquels, tandis que les lois dites lois antisocialistes » de 1878 Ă  1890 leur interdisaient de fait d’exister, purent crĂ©er des associations Ă©lectorales et tenir des rĂ©unions. Ainsi, ce privilĂšge juridique dont jouissait la campagne Ă©lectorale favorisait son rayonnement symbolique. Se tenant dans un cadre particulier dĂ©fini par les lois du Reich et dĂ©limitĂ© dans le temps, la campagne Ă©lectorale se trouvait dĂ©tachĂ©e du quotidien politique et aurĂ©olĂ©e d’une dignitĂ© particuliĂšre. Elle pouvait, en dĂ©pit des formes disparates qu’elle pouvait revĂȘtir, ĂȘtre vĂ©cue comme un Ă©vĂ©nement unitaire et national. 18 Cf., avec une bibliographie exhaustive, Axel Grießmer, MassenverbĂ€nde und Massenparteien im wilhelm ... 13Abstraction faite des privilĂšges juridiques dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©s, la campagne Ă©lectorale n’obĂ©issait Ă  aucun rĂšglement prĂ©cis. Au contraire, se cristallisaient dans la pratique quotidienne un ensemble de formes d’action considĂ©rĂ©es comme prometteuses et adĂ©quates. Les diffĂ©rents acteurs, les candidats et leurs soutiens, acquĂ©raient un savoir sur la façon dont les campagnes devaient gĂ©nĂ©ralement se dĂ©rouler, ce qu’il fallait faire et ne pas faire pour rencontrer le succĂšs. Ce savoir empirique Ă©tait consignĂ© dans de nombreuses brochures, le plus souvent adaptĂ©es aux besoins de chaque parti, et auxquelles les militants pouvaient recourir. Ce n’est qu’à partir du dĂ©but du xxe siĂšcle que la formation des militants fut peu Ă  peu systĂ©matisĂ©e et professionnalisĂ©e. Dans l’ensemble, les campagnes Ă©lectorales se dĂ©roulĂšrent toutefois de maniĂšre informelle et coutumiĂšre18. 14Un grand nombre d’acteurs politiques prenaient part au spectacle de la campagne Ă©lectorale, en particulier les autoritĂ©s de l’État dans les royaumes gouvernĂ©s par les conservateurs, la Prusse et la Saxe. Bien qu’en principe tenues par la doctrine constitutionnelle Ă  la neutralitĂ© politique vis-Ă -vis des partis, elles exerçaient de diverses maniĂšres leur influence sur les Ă©lections afin de faire passer des candidats fidĂšles au gouvernement. Les mĂ©thodes courantes d’intervention incluaient une propagande en faveur des candidats officiels sous forme d’articles de presse appropriĂ©s, de tracts, ou de brochures. De plus, les autoritĂ©s tentaient de gĂȘner les partis adverses en entravant la tenue de rĂ©unions Ă©lectorales ou la distribution des bulletins de vote. ParticuliĂšrement efficaces Ă©taient les efforts pour mobiliser les fonctionnaires-Ă©lecteurs, financiĂšrement dĂ©pendants de l’État, et les amener Ă  contrĂŽler les Ă©lecteurs de leur entourage. NĂ©cessairement, ces interventions de l’État dans la compĂ©tition Ă©lectorale s’opĂ©raient plutĂŽt discrĂštement. 15À l’inverse, les candidats et les partis politiques, avec leurs associations locales et autres comitĂ©s ad hoc, comptaient parmi les acteurs les plus visibles, l’organisation de la campagne dĂ©pendant largement de l’appartenance partisane. C’est ainsi que les sociaux-dĂ©mocrates purent s’appuyer, particuliĂšrement aprĂšs 1890, sur un parti structurĂ© et organisĂ©, amenĂ© Ă  devenir le prototype allemand et europĂ©en du parti de masse bureaucratisĂ©, forme d’organisation politique encore inconnue en France Ă  l’époque. En revanche, durant la campagne, il fallait au Zentrum, parti classique » issu d’un groupe parlementaire sans autre organisation permanente, le soutien du clergĂ©. Les partis conservateurs et libĂ©raux, Ă©galement des partis de cadres », devinrent, en raison d’une organisation interne dĂ©ficiente, de plus en plus dĂ©pendants de groupes de pression Ă©conomiques ou idĂ©ologiques, lesquels organisaient pour eux la propagande Ă©lectorale, en Ă©change de concessions politiques. Ill. 3 Emil Erk, Un discours Ă©lectoral » TirĂ© de Der Wahre Jacob, n° 438, 5 mai 1903, p. 4032, supplĂ©ment. 16Enfin intervenait un ensemble d’acteurs Ă©lectoraux offrant leur appui Ă  titre plus ou moins privĂ©. On y trouvait des individus s’engageant au niveau local dans d’éphĂ©mĂšres comitĂ©s Ă©lectoraux. C’est particuliĂšrement aux femmes, privĂ©es jusqu’en 1918 du droit de vote, que s’ouvrait ici un vaste champ d’activitĂ© politique. Les enfants Ă©taient Ă©galement mobilisĂ©s pour distribuer les bulletins de vote, ainsi que les aubergistes qui louaient ou mettaient gratuitement Ă  disposition leurs locaux. Tout compte fait, les campagnes Ă©lectorales pour le Reichstag, dans les 397 circonscriptions et leurs milliers de bureaux de vote, pourraient bien avoir mobilisĂ© d’une maniĂšre ou d’une autre un nombre considĂ©rable, quoique difficilement quantifiable, d’individus – de l’ordre de plusieurs milliers. Cette expĂ©rience a sans doute durablement marquĂ© les esprits quant Ă  l’idĂ©e qu’il convenait de se faire de la politique ». Ill. 4 Otto Marcus, Une rĂ©union socialiste fĂ©minine Ă  propos des Ă©lections parlementaires » TirĂ© de Berliner Illustrirte Zeitung, Nr. 23, p. 354. 19 À ce sujet, avec de nombreux exemples issus de la jurisprudence et des dossiers du contrĂŽle Ă©lector ... 17Les rĂ©unions Ă©lectorales reprĂ©sentaient sans conteste l’activitĂ© la plus importante, permettant au public prĂ©sent de se faire une idĂ©e du candidat ainsi que de ses idĂ©es politiques ill. 3 & 4. Les rĂ©unions Ă©lectorales obĂ©issaient Ă  des rĂšgles juridiques prĂ©cises relatives au droit de rĂ©union19. Chaque rĂ©union devait ainsi ĂȘtre dĂ©clarĂ©e Ă  la police, les dispositions relatives Ă  l’ordre public devaient ĂȘtre respectĂ©es, et certaines formes d’agitation politique interprĂ©tĂ©es comme offensantes ou conspiratrices devaient ĂȘtre abandonnĂ©es, la marge d’interprĂ©tation des autoritĂ©s Ă©tant fort large. GĂ©nĂ©ralement, les rĂ©unions Ă©lectorales Ă©taient soumises au contrĂŽle policier. 18Le discours du candidat – ou, en son absence, ceux de ses reprĂ©sentants locaux – Ă©tait le point d’orgue de ces rĂ©unions. Jusqu’aux Ă©lections de 1912, celles-ci se tenaient la plupart du temps dans des lieux fermĂ©s, mais selon des modalitĂ©s variables reflĂ©tant deux visions politiques diffĂ©rentes. Ainsi les sociaux-dĂ©mocrates ouvraient-ils par principe leurs rĂ©unions Ă  quiconque s’y intĂ©ressait – professant ainsi clairement leur croyance en une sociĂ©tĂ© de citoyens Ă©gaux en droits. En revanche, les libĂ©raux et les conservateurs privilĂ©giaient les assemblĂ©es fermĂ©es, auxquelles on n’avait accĂšs que muni d’un billet d’entrĂ©e. Dans ce dernier cas, cela correspondait Ă  un idĂ©al de sociĂ©tĂ© rĂ©servant de prĂ©fĂ©rence le contrĂŽle du pouvoir aux classes possĂ©dantes. 20 Sur la culture du rassemblement Ă©lectoral dans les premiĂšres annĂ©es de l’Empire Ă  travers le milieu ... 19L’organisation de l’espace dans les lieux de rĂ©union rappelait celle, bien connue, des assemblĂ©es parlementaires. Les orateurs se tenaient en rĂšgle gĂ©nĂ©rale en position surĂ©levĂ©e, sur un podium sur lequel Ă©tait placĂ© un pupitre, ou Ă  dĂ©faut une table Ă  laquelle pouvaient prendre place les reprĂ©sentants des partis et du comitĂ© Ă©lectoral. À en croire les sources iconographiques, d’autres conventions oratoires semblent avoir eu cours dans ces rĂ©unions. Tandis que, presque toujours, les parlementaires Ă©taient figurĂ©s dans le cadre d’une gestuelle retenue – sauf Ă  vouloir les dĂ©noncer comme agitateurs dĂ©bridĂ©s – dessins et caricatures reprĂ©sentaient les orateurs de meetings de maniĂšre passionnĂ©e et expressive20. Cette distinction dans l’iconographie n’est pas observable au mĂȘme moment en France – indice probable de styles culturels divergents entre RĂ©publique et Monarchie constitutionnelle. 21 Le concept de Milieuparteien, partis de milieu, fut dĂ©veloppĂ© afin d’expliquer la stabilitĂ© de la s ... 22 Cf. Otto May, Deutsch sein heißt treu sein. Ansichtskarten als Spiegel von MentalitĂ€t und Untertane ... 23 Cf. Rainer Schoch [dir.], Politische Plakate der Weimarer Republik 1918-1933. Austellung vom 18. Se ... 20L’une des tĂąches les plus importantes pour les militants Ă©tait la conception, la rĂ©alisation et la distribution des programmes Ă©lectoraux et de la propagande. Aux tracts, affiches et autres brochures s’ajoutaient les portraits des candidats, dont l’importance, particuliĂšrement dans les Milieuparteien21 du centre et chez les sociaux-dĂ©mocrates, allait croissant. Ces portraits, distribuĂ©s comme des photographies au format carte de visite, rassemblĂ©s sous forme de trombinoscopes ou de dĂ©pliants, faisaient office de dĂ©coration murale lors des rĂ©unions Ă©lectorales ou se retrouvaient sur des cartes postales22. Exceptionnellement, on les trouvait dĂ©jĂ  imprimĂ©s dans la presse quotidienne ou dans des Ă©ditions spĂ©ciales pour prĂ©senter le candidat de la circonscription. Les affiches Ă©lectorales, en revanche, ne comportaient d’abord que des textes, ressemblant plutĂŽt, de par leur format le plus souvent rĂ©duit, Ă  des tracts collĂ©s23. Elles ne comportaient souvent rien d’autre que le nom du candidat. 24 Cf. Frank Mergenthal, Ohne KnĂŒffe und PĂŒffe geht es da nicht ab. » Die Hottentottenwahlen » 190 ... 21À partir de 1903, les sociaux-dĂ©mocrates expĂ©rimentĂšrent de plus en plus sur leurs affiches et tracts Ă©lectoraux l’iconographie allĂ©gorique, utilisant souvent des images dites de contraste ». Celles-ci mettaient en relation, selon le schĂ©ma avant-aprĂšs », la triste rĂ©alitĂ© du prĂ©sent et l’heureuse situation des temps Ă  venir, ou bien opposaient l’aisance oisive des classes possĂ©dantes Ă  la misĂšre prolĂ©tarienne laborieuse24. De grandes affiches comme on l’entend aujourd’hui, ne se voyaient que sporadiquement, surtout Ă  l’extĂ©rieur de la Prusse, laquelle interdisait rĂ©solument les affiches politiques. Les premiĂšres affiches de ce type apparurent en 1912 et furent utilisĂ©es pour la campagne pour le Reichstag et pour le Landtag de la BaviĂšre. Quantitativement, les innombrables brochures et tracts Ă©lectoraux, imprimĂ©s et distribuĂ©s tantĂŽt au niveau central, tantĂŽt sous la responsabilitĂ© d’acteurs rĂ©gionaux ou locaux, restaient dĂ©cisifs. D’autres formes de pratiques Ă©lectorales Ă©taient observables, du collage et de la distribution de tracts aux dĂ©filĂ©s de rue, rĂ©unions politiques, banquets Ă©lectoraux et rencontre directe des Ă©lecteurs, bref, toute la palette du canvassing. C’est surtout aprĂšs 1900 que se dĂ©veloppĂšrent dans les circonscriptions urbaines des formes de campagne d’inspiration plus moderne incluant le recours Ă  la bicyclette, Ă  l’automobile et Ă  la montgolfiĂšre. 22Le dĂ©fi logistique essentiel de la campagne consistait en la distribution en temps voulu Ă  l’électeur, rĂ©el ou potentiel, des bulletins de vote pour le candidat que l’on soutenait. Le bulletin de vote officiel Ă©tait alors inconnu. La loi Ă©lectorale se contentait de prescrire la couleur blanche du bulletin et l’absence de tout signe extĂ©rieur distinctif. Il revenait donc aux partis et aux candidats de prendre en charge leur fabrication. DiffĂ©rant parfois notablement par le format, les dimensions et la couleur, ces bulletins pouvaient sĂ©rieusement mettre en question le secret du vote. Leur distribution – de mĂȘme que leur acceptation – indiquait publiquement une orientation politique. Une disposition lĂ©gislative, en 1884, prĂ©cisa que les bulletins de vote n’étaient pas des publications politiques au sens des lois du Reich ou des LĂ€nder, ce qui les plaçait Ă  l’abri d’attaques de l’État, en particulier de toute saisie. Ce cadre lĂ©gal, malgrĂ© les contraintes des lois antisocialistes, crĂ©a les conditions de possibilitĂ© d’une participation des sociaux-dĂ©mocrates aux Ă©lections, avec quelque chance de succĂšs. 25 Construction lexicale intraduisible individus chargĂ©s d’en traĂźner » d’autres vers les u ... 26 TĂ©moignage d’un agent Ă©lectoral, August Rathmann, Ein Arbeiterleben. Erinnerungen an Weimar und dan ... 23Le jour mĂȘme de l’élection, les agents Ă©lectoraux Wahlschlepper25 entraient en action Jusqu’à la derniĂšre heure du scrutin, les listes Ă©lectorales Ă©taient contrĂŽlĂ©es, on identifiait les Ă©lecteurs qui ne s’étaient pas encore dĂ©placĂ©s, on allait les voir, on les encourageait et, s’ils avaient besoin d’aide, on les accompagnait au bureau de vote »26. Les partis et les candidats s’appuyaient en partie sur un important rĂ©seau d’agents Ă©lectoraux et d’hommes de confiance, s’efforçant de ramener vers les urnes les Ă©lecteurs dĂ©faillants. CalĂšches et automobiles, surtout du cĂŽtĂ© conservateur et national-libĂ©ral, entrĂšrent en scĂšne – ce dont se plaignirent Ă  maintes reprises les sociaux-dĂ©mocrates, de tels moyens Ă©tant pour eux trop onĂ©reux. Bien souvent, cet enrĂŽlement » avait un effet assez symbolique, l’appel Ă  la conscience des abstentionnistes Ă©tant tout aussi important que l’effet rĂ©el. 27 On trouve une vue d’ensemble sur les reportages Ă©lectoraux de la presse quotidienne dans la riche c ... 28 Ce type de presse n’a pas encore fait l’objet d’une recherche approfondie. 24Ces actions militantes suscitĂšrent un intĂ©rĂȘt considĂ©rable auprĂšs des contemporains. Le public frĂ©quenta volontiers les rĂ©unions Ă©lectorales et assista Ă  des manifestations publiques de toutes sortes. Dans le mĂȘme temps, les mĂ©dias publiĂšrent trĂšs largement des reportages, tant dans la presse politique quotidienne27 que dans les pĂ©riodiques illustrĂ©s ou les feuilles satiriques. En pĂ©riode prĂ©-Ă©lectorale, la politique parlementaire et les candidats aux Ă©lections constituaient le thĂšme mĂ©diatique dominant, laissant provisoirement dans l’ombre les reportages sur les maisons princiĂšres. Rarement les institutions Ă©tatiques, les partis, les candidats et les Ă©lecteurs tissĂšrent des liens aussi Ă©troits, rarement la communication entre les parties prenantes, directe ou indirecte, fut aussi dense. MĂȘme la presse Ă  destination des familles FamilienblĂ€tter », d’orientation plutĂŽt conservatrice ou libĂ©rale de droite, rendait compte du dĂ©roulement des Ă©lections28. 29 On trouve dĂ©veloppĂ©e une idĂ©e similaire, sur l’époque de la charte constitutionnelle, chez Emmanuel ... 25Le spectacle des campagnes parlementaires se dĂ©roulait donc dans un espace dĂ©fini par les lois du Reich et dans un cadre temporel restreint. Au sein des circonscriptions Ă©lectorales, en fonction des configurations partisanes et du degrĂ© de politisation, le dĂ©bat public faisait diversement Ă©cho au contexte Ă©vĂ©nementiel national. Ces campagnes Ă©taient l’occasion de mettre en scĂšne l’unitĂ© de la nation sans pour autant que les Ă©lecteurs gomment leurs prĂ©fĂ©rences politiques ou leur appartenance socio-culturelle. Elles Ă©taient au plus haut point intĂ©gratrices, car elles rassemblaient un grand nombre de personnes d’horizons les plus divers dans le cadre d’une action nationale. Le travail d’organisation et l’engagement Ă©motionnel qui prĂ©sidaient aux campagnes Ă©lectorales renforçaient l’intĂ©rĂȘt pour le Reichstag, sa lĂ©gitimitĂ© et par lĂ  mĂȘme son pouvoir – sans que la situation juridico-constitutionnelle en fĂ»t modifiĂ©e. Les Ă©lĂ©ments performatifs de la campagne dĂ©voilaient le pouvoir du citoyen-Ă©lecteur, symbolisant une souverainetĂ© populaire qui ne figurait pourtant pas dans la Constitution du Reich29. L’acte de vote mis en scĂšne, un droit du citoyen 30 Berliner Illustrirte Zeitung, n° 36, 26 juin 1898, p. 5. 31 Raison pour laquelle n’existe pas pour les Ă©lections allemandes de reprĂ©sentation picturale compara ... 26Sans nul doute, le dĂ©pĂŽt du bulletin dans l’urne constituait l’acmĂ© de la performance Ă©lectorale. L’avant – les prĂ©paratifs administratifs et politiques du scrutin – et l’aprĂšs – le dĂ©pouillement, l’annonce des rĂ©sultats et la cĂ©lĂ©bration de la victoire – Ă©taient l’un comme l’autre clairement dĂ©finis. Le vote lui-mĂȘme constituait l’acte souverain de citoyens-Ă©lecteurs Ă©gaux en droits, ainsi rĂ©sumĂ© par la Berliner Illustrirte Zeitung Un peuple entier allant aux urnes, la voix du dernier valet impĂ©cunieux valant exactement celle du chancelier du Reich »30. À la diffĂ©rence de la RĂ©publique française oĂč la Chambre des dĂ©putĂ©s reprĂ©sentait la nation souveraine, l’Empire ne voyait pas dans les Ă©lections la traduction lĂ©gale de la souverainetĂ© populaire. Le jour du scrutin n’avait rien Ă  voir avec une mise en scĂšne publique, sacralisĂ©e – autre diffĂ©rence avec la France. Les Ă©lections n’étaient pas une fĂȘte rĂ©publicaine orchestrĂ©e par les autoritĂ©s de l’État. Elles ne se tenaient pas dans des hĂŽtels de ville richement dĂ©corĂ©s, le dimanche, mais en semaine, Ă  des jours variables31. Les salariĂ©s, employĂ©s et ouvriers, ne pouvaient bien souvent voter que pendant les pauses dĂ©jeuner ou le soir, ou devaient compter sur la comprĂ©hension de leur employeur. 32 Sur ce concept, cf. Gerrit J. Schenk, Zeremoniell und Politik. HerrschereinzĂŒge im spĂ€tmittelalterl ... 33 Celui-ci, selon l’article 15 de la loi Ă©lectorale, avait pour mission d’établir le code Ă©lectoral p ... 27MalgrĂ© tout, le fait d’aller voter constituait au sein du systĂšme constitutionnel du Reich un processus particulier, un cĂ©rĂ©monial ritualisĂ© »32. Le vote au sens strict Ă©tait ordonnĂ© par des rĂšgles fermes, dĂ©coulant des dispositions de la Constitution du Reich, de la loi Ă©lectorale, et avant tout du code Ă©lectoral. Si les premiĂšres rĂ©sultaient, au sens du constitutionnalisme, d’un accord entre la Couronne et le Parlement, le code relevait des compĂ©tences exclusives du Bundesrat33. Selon les dispositions Ă©dictĂ©es dans un premier temps en 1869 pour le Parlement de la ConfĂ©dĂ©ration de l’Allemagne du Nord, la dimension administrative des prĂ©paratifs des Ă©lections Ă©tait du ressort spĂ©cifique de l’exĂ©cutif. Étaient concernĂ©es entre autres la procĂ©dure Ă  suivre pour l’établissement des listes Ă©lectorales, la dĂ©limitation des bureaux de vote au sein des circonscriptions et la dĂ©signation de leur prĂ©sident. De plus, le code Ă©lectoral contenait aussi des dispositions rĂ©gulant l’acte mĂȘme du vote. Abstraction faite de la rĂ©forme de 1903 sur laquelle nous aurons Ă  revenir, le code de 1869 resta inchangĂ© dans ses grandes lignes jusqu’à la fin du Reich. 34 Clemens Freyer, Der deutsche Reichstag. Seine Geschichte, Organisation, Rechte und Pflichten, Berli ... 28Les prĂ©paratifs administratifs de l’élection relevaient de la prĂ©sidence du bureau de vote. Celui-ci comprenait un prĂ©sident, un secrĂ©taire, et jusqu’à six assesseurs, tous dĂ©signĂ©s par les autoritĂ©s communales. Si les fonctionnaires d’État ne pouvaient ĂȘtre sĂ©lectionnĂ©s, le mode de dĂ©signation faisait que seules Ă©taient nommĂ©es des personnes jouissant de la confiance des autoritĂ©s. De plus, la notion de fonctionnaire d’État » Ă©tait tellement vague qu’en pratique, des autoritĂ©s locales, tels un maire de village ou un propriĂ©taire de domaine, se retrouvaient souvent Ă  la tĂȘte du bureau de vote. De mĂȘme, le choix de bureaux de vote dits fĂ©odaux » – bureaux administratifs ou appartements privĂ©s de maires de village, de directeurs de domaine ou d’administration – ne pouvait qu’accentuer l’impression d’une mainmise des autoritĂ©s sur les Ă©lections. Parmi les autres acteurs, on comptait les observateurs que les partis envoyaient contrĂŽler le dĂ©roulement des opĂ©rations dans les bureaux de vote, mais aussi de notabilitĂ©s – propriĂ©taires de domaines ou d’usines – venues surveiller les Ă©lecteurs qui dĂ©pendaient d’eux Ă©conomiquement. L’acteur principal restait toutefois l’électeur lui-mĂȘme, qui, selon la formule d’un manuel de l’époque, venait accomplir son devoir civique de citoyen »34. 29Les bureaux de vote ouvraient Ă  dix heures pour fermer Ă  six heures du soir Ă  partir de 1903 Ă  sept heures. Les opĂ©rations de vote commençaient avec la constitution du comitĂ© Ă©lectoral, sanctionnĂ©e par une poignĂ©e de main sur l’honneur. En faisant cela, les participants s’engageaient Ă  respecter le code Ă©lectoral, lequel, tout comme la loi Ă©lectorale, Ă©tait affichĂ© dans chaque bureau de vote. Au centre de la piĂšce se trouvait la table Ă  laquelle prenaient place les membres du comitĂ© et les assesseurs. Celle-ci devait ĂȘtre placĂ©e de telle maniĂšre qu’elle restĂąt accessible de tous cĂŽtĂ©s. Était ainsi garantie la transparence de l’activitĂ© du comitĂ© et prĂ©venue toute manipulation. Sur cette table se trouvait, comme indiquĂ© par le code Ă©lectoral, un rĂ©cipient recouvert », c’est-Ă -dire l’urne. Quelle devait ĂȘtre sa forme ? Sur ce point, mĂȘme aprĂšs la rĂ©forme de 1903, le code Ă©lectoral n’apporta aucune indication. C’était aux autoritĂ©s locales de se procurer des rĂ©cipients adĂ©quats. Des urnes spĂ©ciales, richement ornĂ©es, furent fabriquĂ©es Ă  l’occasion, mais il est aussi rĂ©guliĂšrement question de boĂźtes Ă  chapeaux ou Ă  cigarettes, de marmites, ou de soupiĂšres. L’utilisation de tels rĂ©cipients ne mettait pas seulement en danger la confidentialitĂ© du vote ; elle Ă©tait aussi aux yeux de nombreux observateurs en contradiction flagrante avec la dignitĂ© du fait Ă©lectoral. 30Le bulletin de vote Ă  la main, l’électeur entrait dans le bureau de vote. Il lui fallait se prĂ©senter individuellement Ă  la table Ă©lectorale, dĂ©cliner son nom et son adresse exacte. AprĂšs que son identitĂ© eut Ă©tĂ© Ă©tablie Ă  l’aide de la liste Ă©lectorale, il s’approchait de l’urne et remettait son bulletin, pliĂ© de telle façon que le nom du candidat restĂąt invisible, au prĂ©sident. Celui-ci le dĂ©posait alors, sans l’ouvrir, dans le rĂ©cipient disposĂ© sur la table ». Ce n’est qu’aprĂšs le dĂ©pĂŽt du bulletin constatĂ© par le secrĂ©taire et consignĂ© sur la liste Ă©lectorale que le vote Ă©tait clos et que l’électeur pouvait s’en aller. Ill. 5 Les Ă©lections parlementaires Ă  Berlin instantanĂ©s du Reichstag » Photographe inconnu, tirĂ© de Die Woche, n° 5, 2 fĂ©vrier 1907, p. 189. 35 en français dans le texte. 31Concernant le dĂ©roulement du vote, plusieurs choses retiennent l’attention. Le rĂšglement Ă©tait tout entier inspirĂ© de la fiction de l’électeur responsable, maĂźtre de ses choix. Cela commençait par l’isolement spatial du vote. En entrant dans le bureau de vote, la propagande Ă©lectorale et la distribution de tracts y Ă©tant interdites, l’électeur, comme dans un rite de passage35, quittait la sphĂšre des passions politiques et des intĂ©rĂȘts Ă©goĂŻstes. L’affichage des textes lĂ©gislatifs, loi et code Ă©lectoraux, contribuait Ă  souligner le climat particulier du lieu. Le bureau de vote Ă©tait le lieu oĂč l’électeur, libre de toute influence extĂ©rieure, mais aussi de haine et de passion, de prĂ©jugĂ©s et d’intĂ©rĂȘts personnels, se devait d’agir en conscience et responsabilitĂ© pour le bien de l’État. Dans le bureau de vote, l’individu Ă©tait sacrĂ© citoyen. L’acmĂ© de l’acte Ă©lectoral Ă©tait atteinte avec la remise du bulletin au prĂ©sident, lequel le dĂ©posait dans l’urne. Cet instant dĂ©cisif comptait parmi les plus frĂ©quemment fixĂ©s par l’image. Ill. 6 Les Ă©lections parlementaires Ă  Berlin. Les Ă©lecteurs faisant la queue devant l’isoloir » Photographie de Gordan & Delius, tirĂ©e de Berliner Illustrirte Zeitung, n° 26, 28 juin 1903, p. 403. 36 Sur cette influence, voir les Ă©tudes trĂšs complĂštes de Margaret L. Anderson, Practicing Democracy
, ... 37 Robert Arsenschek, Der Kampf um die Wahlfreiheit
, op. cit., p. 150-151. 32Que cette mise en scĂšne du processus Ă©lectoral, acte autonome d’un citoyen libre de toute contrainte extĂ©rieure, fĂ»t une fiction, cela a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©voquĂ© Ă  plusieurs reprises. Que les autoritĂ©s exerçassent une influence sur les Ă©lections Ă©tait non l’exception, mais la rĂšgle ». S’y ajoutait l’influence exercĂ©e par le clergĂ©, les entrepreneurs, et les propriĂ©taires terriens36. Les manipulations du vote accusaient un Ă©cart prononcĂ© entre ville et campagne, les petits bureaux de vote ruraux, souvent loin d’atteindre cent Ă©lecteurs, Ă©tant parfois le théùtre de situations grotesques. ParticuliĂšrement touchĂ©s Ă©taient, gĂ©ographiquement, la Saxe, le Mecklembourg et la Prusse, et politiquement, les mandats conservateurs et ceux des antisĂ©mites. Les cas Ă©tudiĂ©s par la commission parlementaire de contrĂŽle des Ă©lections ne forment qu’une petite partie des plaintes dĂ©posĂ©es, lesquelles de leur cĂŽtĂ© ne prenaient en compte qu’une fraction des fraudes avĂ©rĂ©es. Sur les treize Ă©lections au Reichstag tenues jusqu’en 1912, 974 cas au total 19 % de tous les mandats furent soumis par le Parlement Ă  un examen sĂ©rieux, aboutissant tout de mĂȘme Ă  89 annulations 1,7 % des mandats. Pour qu’une annulation fĂ»t prononcĂ©e, il ne suffisait pas de prouver la fraude et son Ă©tendue, il fallait encore que l’issue du vote eĂ»t Ă©tĂ© biaisĂ©e. Les rĂ©sultats des circonscriptions oĂč le candidat arrivĂ© en tĂȘte disposait d’une majoritĂ© confortable n’étaient ainsi que rarement contestĂ©s37. 33Au total, les dispositions du code Ă©lectoral de 1869 n’étaient donc pas de nature Ă  garantir pleinement la libertĂ© et la dignitĂ© du vote. Les bulletins devaient, certes, ĂȘtre blancs et ne comporter aucun signe distinctif. Dans les faits, cependant, cette rĂšgle Ă©tait frĂ©quemment et astucieusement contournĂ©e. Les personnes prĂ©sentes pouvaient souvent distinguer pour quel candidat l’électeur avait ou non votĂ©. Prendre et dĂ©poser le bulletin d’un candidat d’opposition requĂ©rait dans ces conditions une bonne dose de courage civique. Le processus avait Ă©galement quelque chose d’humiliant et d’indigne, l’électeur Ă©tant parfois contraint par les moyens les plus mesquins de rĂ©vĂ©ler devant des reprĂ©sentants de l’autoritĂ© son orientation politique. Ceci d’autant plus que certains administrateurs de domaines et autres employeurs industriels cherchaient eux-mĂȘmes Ă  exercer leur influence au sein du bureau de vote et – ignorant l’interdit – faisaient rĂ©guliĂšrement distribuer des bulletins de vote. 38 Julius Hatschek, Das Parlamentsrecht des Deutschen Reiches
, op. cit., p. 364-365. 39 Robert Arsenschek, Der Kampf um die Wahlfreiheit
, op. cit., p. 357-358. 34En raison des nombreux vices de cette procĂ©dure, le Reichstag s’efforça Ă  diverses reprises de remanier en profondeur le code Ă©lectoral en tenant compte des expĂ©riences de la commission de contrĂŽle des Ă©lections. Entre 1889 et 1902, le Parlement examina en tout onze fois des projets de loi correspondants, les approuvant Ă  quatre reprises Ă  une large majoritĂ©, la derniĂšre, en 1902, avec l’appui des parlementaires du groupe national-libĂ©ral. À chaque fois le projet de loi fut bloquĂ© par le rejet du Bundesrat38. Ce n’est qu’au printemps 1903 – cette fois sur l’initiative du chancelier Bernhard von BĂŒlow, qui, en Ă©change, avait nĂ©gociĂ© avec les partis du Zentrum un compromis sur le remaniement des tarifs douaniers – qu’un accord fut trouvĂ© sur un code Ă©lectoral, lequel fut promulguĂ© par le Bundesrat avec l’approbation du Reichstag39. 40 Sur la cabine de vote comme lieu de la modernitĂ© », cf. aussi la remarque de Thomas Mergel, Die ... 35Les deux modifications principales concernaient l’introduction d’enveloppes officielles 12 x 15 cm, en papier opaque ainsi que de cabines de vote ou – si leur acquisition s’avĂ©rait trop coĂ»teuse – du moins d’espaces dits isolĂ©s », dans lesquels les bulletins – toujours de fabrication privĂ©e, mais dont le format Ă©tait maintenant fixĂ© Ă  9 x 12 cm – pouvaient ĂȘtre mis dans l’enveloppe Ă  l’abri des regards40. La configuration de ces cabines ou de ces espaces ne faisait toutefois l’objet d’aucune directive. Il en rĂ©sulta, selon les compĂ©tences locales, une grande variĂ©tĂ© d’options, la cabine de vote s’imposant dans les bureaux de vote urbains. 36Ces nouvelles rĂšgles n’étaient cependant pas non plus Ă  mĂȘme de garantir absolument le secret du vote. En effet, le code Ă©lectoral ne comportait toujours pas de description prĂ©cise de l’urne, ce qui amenait certains prĂ©sidents de bureau Ă  adopter des rĂ©cipients tels, que les bulletins de vote s’empilaient les uns sur les autres, permettant, en comparant leur ordre dans la pile avec les listes d’émargement, leur attribution a posteriori. On utilisa aussi rĂ©guliĂšrement des cabines de vote qui ne protĂ©geaient pas l’électeur des regards. Certains des espaces isolĂ©s » remplissaient tout aussi mĂ©diocrement leur fonction. 37NĂ©anmoins, la rĂ©forme du code Ă©lectoral concourut Ă  une amĂ©lioration sensible pour l’électeur et Ă  une revalorisation symbolique du vote. L’isolement de l’électeur, amorcĂ© dĂšs l’entrĂ©e du bureau de vote, Ă©tait pour ainsi dire redoublĂ© par la cabine de vote, et le geste souverain du vote Ă©tait mis en scĂšne encore plus nettement qu’auparavant comme le point focal du scrutin. Le code Ă©lectoral imposait Ă  l’électeur de passer par l’isoloir avant de dĂ©poser son bulletin. Sans ce double rite de passage, l’électeur restait une personne privĂ©e, son vote perdait de sa valeur. La plupart des Ă©lecteurs avaient maintenant dans l’isoloir la possibilitĂ© de tirer de leur poche le bulletin du parti de leur choix et de le glisser discrĂštement dans l’enveloppe lĂ©gale. L’enveloppe pouvait sans crainte de dĂ©masquage immĂ©diat ĂȘtre ensuite remise au prĂ©sident. Ces rĂ©formes matĂ©rielles signifiaient incontestablement respect et dignitĂ© pour l’électeur lui-mĂȘme et faisaient du vote l’expression de la libertĂ© citoyenne. 41 Friedrich Stampfer, Erfahrungen und Erkenntnisse. Aufzeichnungen aus meinem Leben, Köln, Verlag fĂŒr ... 42 Sur la discussion de la rĂ©forme dans la presse, cf. l’archive de presse du Reichslandbunds, Bundesa ... 43 Cf. Yves Deloye et Olivier Ihl, LÂŽacte de vote, Paris, Presses de Sciences Po, 2008 ; Alain Garrigo ... 38C’est pour cette raison que nombre de conservateurs – mais aussi des nationaux-libĂ©raux – menĂšrent campagne contre la nouvelle rĂ©glementation. Le 23 janvier 1903, le dĂ©putĂ© conservateur Georg Oertel qualifia au Reichstag la rĂ©forme de loi de chiotte », terme repris peu aprĂšs par Bernhard von BĂŒlow au Parlement prussien. RĂ©guliĂšrement, les cabines de vote Ă©taient assimilĂ©es Ă  des chiottes dans lesquels l’électeur devait dĂ©sormais aller faire ses besoins »41. Les journaux furent tentĂ©s d’utiliser ce terme irrĂ©vĂ©rencieux, mĂȘme lorsqu’ils ne cautionnaient pas ses implications idĂ©ologiques42. Les caricaturistes ne furent pas en reste et l’illustrĂšrent de toutes les maniĂšres possibles. Ainsi fut forgĂ© un motif iconographique repris quelques dĂ©cennies plus tard par les opposants au parlementarisme de Weimar. La vive rĂ©action des conservateurs rĂ©vĂ©lait en creux le surcroĂźt de prestige du vote que la rĂ©forme de 1903 impliquait, du moins sur un plan politico-symbolique, tant pour l’électorat que pour le Reichstag, indirectement. La dignitĂ© de l’ acte d’honneur citoyen » Ă©tait dĂ©sormais garantie institutionnellement. Ce n’est qu’en 1913 que la TroisiĂšme RĂ©publique française procĂ©da Ă  une rĂ©forme analogue43. La signification du suffrage au sein de la culture politique du Reich 39Le suffrage universel masculin eut, dans le cadre du Reich, une signification fondamentale pour la mobilisation politique. Il augmentait les chances d’imposer des intĂ©rĂȘts tant personnels que spĂ©cifiques Ă  des groupes. La force mobilisatrice des Ă©lections parlementaires reposait Ă  tel point sur cet aspect que celles-ci forgĂšrent des rituels permettant un rassemblement Ă©motionnel et conflictuel sous le signe de la politique nationale. L’effet fut d’autant plus fort que les Ă©lections se dĂ©roulaient dans l’espace public et le recherchaient, mĂȘme, par nature. Avec l’établissement du suffrage universel masculin, les campagnes Ă©lectorales prirent l’allure de grands Ă©vĂ©nements mĂ©diatiques. Quelle signification ces processus eurent-ils pour la culture politique du Reich et de la RĂ©publique de Weimar en gestation ? 44 Egmont Zechlin, StaatsstreichplĂ€ne Bismarcks und Wilhelms II. 1890-1864, Stuttgart/Berlin, Cotta Na ... 45 Wolfgang Schröder, Wahlrecht und Wahlen im Königreich Sachsen 1866-1896 », in Gerhard A. Ritter [ ... 40La pratique culturelle de l’élection influa sur la structure institutionnelle du pouvoir impĂ©rial. Elle donna aux acteurs et au public une idĂ©e de ce que la politique » se devait d’ĂȘtre. Dans ce contexte, les projets de coups d’État » rĂ©guliĂšrement Ă©voquĂ©s par Bismarck ou par Guillaume II entre 1878 et 1900 – Ă  savoir la modification unilatĂ©rale de la Constitution impĂ©riale alliĂ©e Ă  la dissolution du Parlement et Ă  la suppression du suffrage universel masculin – apparaissent comme peu rĂ©alistes44. À la diffĂ©rence du royaume de Saxe – oĂč en 1896 un suffrage censitaire modĂ©rĂ© permettant l’ascension de la social-dĂ©mocratie fit place Ă  un droit de vote Ă  trois classes – de tels projets relevaient encore, dans l’Empire, de la pure rhĂ©torique45. Dans les premiĂšres annĂ©es du Reich, une telle procĂ©dure eĂ»t Ă©tĂ© de nature Ă  mettre en danger l’existence de l’État-nation. AprĂšs 1890, elle eĂ»t Ă©loignĂ© des pans entiers de la sociĂ©tĂ© du systĂšme politique et sans doute aussi durablement, avec des consĂ©quences incalculables, de la monarchie des Hohenzollern. En ce sens, l’existence du Reich Ă©tait intimement liĂ©e au suffrage universel masculin. 46 Thomas KĂŒhne, Dreiklassenwahlrecht und Wahlkultur in Preußen 1867-1914. Landtagswahlen zwischen kor ... 47 Bernd JĂŒrgen Warneken [dir.], Als die Deutschen demonstrieren lernten. Das Kulturmuster friedlich ... 48 Pierre Casselle, Paris rĂ©publicain 1871-1914, Paris, Association pour la publication d’une histoi ... 41À partir des annĂ©es 1890 au plus tard, le suffrage universel masculin tendit vers un modĂšle politique influençant fortement chaque État allemand. En Saxe et dans la puissante Prusse avaient cours en effet des systĂšmes Ă©lectoraux bien plus restrictifs qu’au niveau national46. L’effet mobilisateur du droit de vote Ă  l’échelle de l’Empire se traduisit par des protestations contre le droit de vote Ă  trois classes. La constitution de classes d’électeurs selon le niveau d’imposition fut de plus en plus ressentie comme un scandale. Dans le combat contre des parlements formĂ©s de maniĂšre non dĂ©mocratique, la rue – comme lors des manifestations de mai du mouvement ouvrier – Ă©tait investie politiquement par des cortĂšges et des rassemblements47. Les manifestations pour le droit de vote tirĂšrent leur force mobilisatrice du prestige, profondĂ©ment ancrĂ© culturellement, des Ă©lections au Reichstag et de leurs rituels. Si les rues de Berlin n’en devinrent pas pour autant des rues rĂ©publicaines », comme les rues de Paris dĂ©crites par Pierre Casselle, il y eut bien des rues dĂ©mocratiques »48. 49 Klaus-Peter Sick, Ein fremdes Parlament als Argument. Die deutschen Liberalen im Kaiserreich und ... 42En Allemagne, tant la thĂ©orie politique que la doctrine de l’État de droit se dĂ©ployĂšrent presque toujours explicitement en opposition avec le modĂšle français la rĂ©volution, le bonapartisme, la dans la sphĂšre intellectuelle-libĂ©rale, les regards se tournaient plus vers l’Angleterre que vers la France. L’historiographie a pour une large part suivi ce discours de l’époque et n’a en cela pas tout Ă  fait tort. Mais si l’on dĂ©tourne son regard du monde de la rĂ©flexion acadĂ©mique et intellectuelle vers celui des cultures Ă©lectorales et de celles, publiques et parlementaires, qui leur sont directement liĂ©es, une autre image s’impose. La pratique politique du vote liĂ©e au suffrage universel masculin fut Ă©galement nourrie en Allemagne – le plus souvent inconsciemment – par le concept dĂ©mocratique de souverainetĂ© populaire. Cette pratique Ă©tait en tout Ă©tat de cause plus fortement inspirĂ©e de la tradition rĂ©volutionnaire française que du modĂšle britannique, lequel faisait plus de cas de la souverainetĂ© parlementaire que de la reprĂ©sentation dĂ©mocratique par l’élection. 43La pratique culturelle de l’élection influença Ă©galement le cours de la rĂ©volution de 1918-1919, en particulier l’attitude du mouvement ouvrier social-dĂ©mocrate, lequel possĂ©da pour un court moment le pouvoir. Les thĂ©oriciens socialistes ne s’étaient que rarement exprimĂ©s sur la forme que devait prendre l’ État du futur » auquel ils aspiraient, mais les attentes des partisans de la social-dĂ©mocratie Ă©taient claires il y aurait des Ă©lections. Les succĂšs Ă©lectoraux durables que les sociaux-dĂ©mocrates avaient rĂ©coltĂ©s durant l’Empire suscitĂšrent dans le parti et chez ses Ă©lecteurs le sentiment que l’avenir leur appartiendrait. Ce n’était donc pas seulement la peur du chaos et de l’anarchie qui poussa en dĂ©cembre 1918 la plus grande partie des partisans des sociaux-dĂ©mocrates Ă  approuver l’élection d’une AssemblĂ©e nationale constituante. DerriĂšre l’adhĂ©sion Ă  la dĂ©mocratie parlementaire rĂ©sidait surtout l’usage dĂ©jĂ  ancien du vote ainsi que la propagation effective du suffrage universel masculin, expression symbolique de la souverainetĂ© populaire. Haut de page Notes 1 Les principaux constitutionnalistes allemands ont dĂ©crit la monarchie constitutionnelle comme un systĂšme strictement dualiste. Le Parlement y passe pour ĂȘtre l’expression d’intĂ©rĂȘts variĂ©s, subjectifs, ou partisans, Ă  l’opposĂ© du monarque et de son gouvernement, incarnation d’un État rationnel et objectif, au-dessus des partis ». Cf. Christoph Schönberger, Das Parlament im Anstaltsstaat. Zur Theorie parlamentarischer ReprĂ€sentation in der Staatsrechtslehre des Kaiserreichs 1871-1918, Frankfurt a. M., Klostermann, 1997. 2 John Röhl, Wilhelm II. Der Weg in den Abgrund. 1900-1941, MĂŒnchen, C. H. Beck, 2008, p. 552-553. Sur les rĂ©sultats des Ă©lections Ă  Berlin, cf. Carl-Wilhelm Reibel [dir.], Handbuch der Reichstagswahlen. 1890-1918. BĂŒndnisse – Ergebnisse – Kandidaten, DĂŒsseldorf, Droste, 2007, p. 119-120. 3 Cet essai est basĂ© sur les travaux suivants d’Andreas Biefang Die Reichstagswahlen als demokratisches Zeremoniell », in Andreas Biefang, Michael Epkenhans et Klaus Tenfelde [dir.], Das politische Zeremoniell im Deutschen Kaiserreich 1871-1918, DĂŒsseldorf, Droste, 2010 1re Ă©dition 2008, p. 233-270 et Die andere Seite der Macht. Reichstag und Öffentlichkeit im System Bismarck 1871-1890, DĂŒsseldorf, Droste, 2012 1re Ă©dition 2009. 4 Cf. Thomas Mergel, Überlegungen zu einer Kulturgeschichte der Politik », Geschichte und Gesellschaft 28 2002, p. 574-606 ; Thomas Mergel, Propaganda nach Hitler. Eine Kulturgeschichte des Wahlkampfs in der Bundesrepublik 1949-1990, Göttingen, Wallstein, 2010. 5 Sur l’évolution de la considĂ©ration publique des parlements et de leur pouvoir symbolique, cf. Werner Patzelt, Parlamentarische Geltungsgeschichten », in Gert Melville et Hans VorlĂ€nder [dir.], Geltungsgeschichten. Über die Stabilisierung und Legitimierung institutioneller Ordnungen, Köln/Weimar/Wien, Böhlau, 2002, p. 285-318. 6 Pour les termes de la constitution du Reich, cf. Ernst-Rudolf Huber [dir.], Dokumente zur deutschen Verfassungsgeschichte, vol. II Deutsche Verfassungsdokumente. 1850-1900, Stuttgart, Kohlhammer, 1986 1re Ă©dition 1951, n° 261. 7 Pour un aperçu gĂ©nĂ©ral des rĂ©sultats des Ă©lections et des statistiques, cf. Gerhard A. Ritter en collaboration avec Merith Niehuss, Wahlgeschichtliches Arbeitsbuch. Materialien zur Statistik des Kaiserreichs 1871-1918, MĂŒnchen, C. H. Beck, 1980. 8 Cf. Jörg-Detlef KĂŒhne, Volksvertretungen im monarchischen Konstitutionalismus 1814-1918 », in Hans-Peter Schneider et Wolfgang Zeh [dir.], Parlamentsrecht und Parlamentspraxis in der Bundesrepublik Deutschland, Berlin/New York, de Gruyter, 1989, p. 49-101. 9 Au sujet de la prĂ©sumĂ©e voie particuliĂšre », cf. en rĂ©sumĂ© Sandrine Kott, Sonderweg », in Christian Delacroix et alii [dir.], Historiographies, Concepts et dĂ©bats, Paris, Gallimard, 2010, p. 1238-1244 ; Ewald Frie, Das Deutsche Kaiserreich, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 2004, p. 118-121. 10 Cf. Andreas Biefang, ModernitĂ€t wider Willen. Bemerkungen zur Entstehung des demokratischen Wahlrechts des Kaiserreichs », in Wolfram Pyta et Ludwig Richter [dir.], Gestaltungskraft des Politischen, Berlin, Duncker & Humblot, 1998, p. 239-259. 11 Karl Obermann, Die Wahlen zur Frankfurter Nationalversammlung im FrĂŒhjahr 1848, Berlin RDA, Verlag der Wissenschaft, 1987. 12 Manfred Botzenhart, Deutscher Parlamentarismus in der Revolutionszeit 1848-1850, DĂŒsseldorf, Droste, 1977, p. 663-695. 13 Andreas Biefang, Politisches BĂŒrgertum in Deutschland. Nationale Organisationen und Eliten 1857-1868, DĂŒsseldorf, Droste, 1994. 14 Études rĂ©capitulatives sur les mouvements Ă©lectoraux et les thĂšmes centraux de campagne, cf. Brett Fairbairn, Interpreting Wilhelmine Elections National Issues, Fairness Issues, and Electoral Mobilization », in Larry E. Jones et James Retallack [dir.], Elections, Mass Politics, and Social Change in Modern Germany. New Perspectives, Cambridge, University Press, 1992, p. 17-48; Jonathan Sperber, The KaiserÂŽs Voters. Electors and Elections in Imperial Germany, Cambridge, Cambridge University Press, 1997. 15 Sur le concept de politisation fondamentale », Ă  savoir la transition de la politique des Ă©lites vers la politique des masses, cf. la synthĂšse de Hans-Peter Ullmann, Politik im Deutschen Kaiserreich 1871-1918, MĂŒnchen, Oldenbourg, 1999, p. 25-33. 16 Les meilleures Ă©tudes sur la culture Ă©lectorale sont celles de Margaret L. Anderson, Practicing Democracy. Elections and Political Culture in Imperial Germany, Princeton Princeton University Press, 2000 et de Robert Arsenschek, Der Kampf um die Wahlfreiheit im Kaiserreich. Zur parlamentarischen WahlprĂŒfung und politischen RealitĂ€t bei den Reichstagswahlen 1871-1914, DĂŒsseldorf, Droste, 2002. 17 § 17 de la loi Ă©lectorale impĂ©riale. Sur tous les aspects du droit Ă©lectoral de l’Empire, cf. Julius Hatschek, Das Parlamentsrecht des Deutschen Reiches. Im Auftrag des Deutschen Reichstages dargestellt, Berlin/New York, De Gruyter, 1973 1re Ă©dition 1915 ; Julius Hatschek, Kommentar zum Wahlgesetz und zur Wahlordnung im Deutschen Kaiserreich, Berlin, De Gruyter, 1920. 18 Cf., avec une bibliographie exhaustive, Axel Grießmer, MassenverbĂ€nde und Massenparteien im wilhelminischen Reich. Zum Wandel der Wahlkultur 1903-1912, DĂŒsseldorf, Droste, 2000. 19 À ce sujet, avec de nombreux exemples issus de la jurisprudence et des dossiers du contrĂŽle Ă©lectoral, cf. Julius Hatschek, Kommentar zum Wahlgesetz und zur Wahlordnung im Deutschen Kaiserreich, Berlin, De Gruyter, 1920. 20 Sur la culture du rassemblement Ă©lectoral dans les premiĂšres annĂ©es de l’Empire Ă  travers le milieu social-dĂ©mocrate, cf. Thomas Welskopp, Das Banner der BrĂŒderlichkeit. Die deutsche Sozialdemokratie vom VormĂ€rz bis zum Sozialistengesetz, Bonn, J. H. W. Dietz, 2000, p. 291-338. 21 Le concept de Milieuparteien, partis de milieu, fut dĂ©veloppĂ© afin d’expliquer la stabilitĂ© de la structure partisane en Allemagne de 1848-1849 jusqu’à la montĂ©e du parti nazi Ă  partir de 1930. Il implique que les partis reposent sur leurs milieux socioculturels respectifs, les activistes politiques et les Ă©lecteurs Ă©tant durablement liĂ©s entre eux par des styles de vie communs et des valeurs largement partagĂ©es. Cf. synthĂ©tiquement Karl Rohe, Wahlen und WĂ€hlertraditionen in Deutschland. Kulturelle Grundlage deutscher Parteien und Parteiensysteme im 19. und 20. Jahrhundert, Frankfurt a. M., Suhrkamp, 1992. 22 Cf. Otto May, Deutsch sein heißt treu sein. Ansichtskarten als Spiegel von MentalitĂ€t und Untertanenerziehung in der Wilhelminischen Ära 1888-1918, Hildesheim, Olms, 1999. 23 Cf. Rainer Schoch [dir.], Politische Plakate der Weimarer Republik 1918-1933. Austellung vom 18. September 1980 – 23. November 1980. Hessisches Landesmuseum Darmstadt, Darmstadt, Hessisches Landesmuseum, 1980 ; Ursula Zeller, Die FrĂŒhzeit des politischen Bildplakats in Deutschland 1848-1918, Stuttgart, Edition Cordeliers, 1988. 24 Cf. Frank Mergenthal, Ohne KnĂŒffe und PĂŒffe geht es da nicht ab. » Die Hottentottenwahlen » 1907 im Regierungsbezirk DĂŒsseldorf, Siegburg, Rheinlandia, 1995, en particulier p. 235-251. Pour l’iconographie, Knut Hickethier, Karikatur, Allegorie und Bilderfolge – zur Bildpublizistik im Dienste der Arbeiterbewegung », in Peter v. RĂŒden [dir.], BeitrĂ€ge zur Kulturgeschichte der deutschen Arbeiterbewegung 1848-1918, Frankfurt a. M., BĂŒchergilde Gutenberg, 1979, p. 79-165. 25 Construction lexicale intraduisible individus chargĂ©s d’en traĂźner » d’autres vers les urnes. 26 TĂ©moignage d’un agent Ă©lectoral, August Rathmann, Ein Arbeiterleben. Erinnerungen an Weimar und danach, Wuppertal, Peter Hammer, 1983, p. 23. 27 On trouve une vue d’ensemble sur les reportages Ă©lectoraux de la presse quotidienne dans la riche compilation d’extraits de presse du groupe d’intĂ©rĂȘts agricole Reichslandverbund, Bundesarchiv Berlin, R 8034 II, n° 5072-5111. 28 Ce type de presse n’a pas encore fait l’objet d’une recherche approfondie. 29 On trouve dĂ©veloppĂ©e une idĂ©e similaire, sur l’époque de la charte constitutionnelle, chez Emmanuel Fureix, La construction rituelle de la souverainetĂ© populaire deuils protestataires Paris, 1815-1840 », Revue dÂŽhistoire du XIXe siĂšcle, n° 42, 2011, p. 21-39. 30 Berliner Illustrirte Zeitung, n° 36, 26 juin 1898, p. 5. 31 Raison pour laquelle n’existe pas pour les Ă©lections allemandes de reprĂ©sentation picturale comparable Ă  celle rĂ©alisĂ©e en 1891 par Alfred-Henri Bramtot, sur commande publique, pour la mairie des Lilas. Cf. Le triomphe des mairies. Grands dĂ©cors rĂ©publicains Ă  Paris, 1870-1914. MusĂ©e du Petit Palais, 8 novembre 1986-18 janvier 1987, Paris, MusĂ©e du Petit Palais, 1986, p. 47 et 217-219. 32 Sur ce concept, cf. Gerrit J. Schenk, Zeremoniell und Politik. HerrschereinzĂŒge im spĂ€tmittelalterlichen Reich, Köln/Weimar/Wien, Böhlau, 2003. 33 Celui-ci, selon l’article 15 de la loi Ă©lectorale, avait pour mission d’établir le code Ă©lectoral pour tout le territoire du Reich. La version d’origine du code Ă©lectoral de 1870 Bundesgesetzblatt 1870, p. 275, de mĂȘme que les modifications de 1903 Reichsgesetzblatt 1903, p. 275, sont reproduites dans Wilhelm Baensch, Reichstags-Wahlrecht – Wahlverfahren – WahlprĂŒfungen. Zusammenstellung der sĂ€mtlichen gesetzlichen Bestimmungen hierĂŒber, nebst den GrundsĂ€tzen der WahlprĂŒfungskommission betreffs der Giltigkeit und Ungiltigkeit von Wahlen, Berlin, Wilhelm Ernst & Sohn, 1903. 34 Clemens Freyer, Der deutsche Reichstag. Seine Geschichte, Organisation, Rechte und Pflichten, Berlin, Paul Hennig, 1887, p. 62. 35 en français dans le texte. 36 Sur cette influence, voir les Ă©tudes trĂšs complĂštes de Margaret L. Anderson, Practicing Democracy
, op. cit., et de Robert Arsenschek, Der Kampf um die Wahlfreiheit
, op. cit., citation p. 173. 37 Robert Arsenschek, Der Kampf um die Wahlfreiheit
, op. cit., p. 150-151. 38 Julius Hatschek, Das Parlamentsrecht des Deutschen Reiches
, op. cit., p. 364-365. 39 Robert Arsenschek, Der Kampf um die Wahlfreiheit
, op. cit., p. 357-358. 40 Sur la cabine de vote comme lieu de la modernitĂ© », cf. aussi la remarque de Thomas Mergel, Die Wahlkabine », in Alexa Geisthövel et Habbo Knoch [dir.], Orte der Moderne. Erfahrungswelten des 19. und 20. Jahrhunderts, Frankfurt a. M., Campus, 2005, p. 335-344. Voir aussi, pour une approche globale du secret du vote, Malcolm et Tom Crook, L’isoloir universel? La globalisation du scrutin secret au XIXe siĂšcle », Revue d’histoire du XIXe siĂšcle, n° 43, 2011/2, p. 41-55. 41 Friedrich Stampfer, Erfahrungen und Erkenntnisse. Aufzeichnungen aus meinem Leben, Köln, Verlag fĂŒr Politik und Wirtschaft, 1957, p. 81. 42 Sur la discussion de la rĂ©forme dans la presse, cf. l’archive de presse du Reichslandbunds, Bundesarchiv Berlin, R 8034 II, n° 5081-5086 u. 5850. 43 Cf. Yves Deloye et Olivier Ihl, LÂŽacte de vote, Paris, Presses de Sciences Po, 2008 ; Alain Garrigou, Le secret de l’isoloir », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 71-72, mars 1988, p. 25-45. 44 Egmont Zechlin, StaatsstreichplĂ€ne Bismarcks und Wilhelms II. 1890-1864, Stuttgart/Berlin, Cotta Nachf., 1929 ; Michael StĂŒrmer, Staatsstreichgedanken im Bismarckreich », Historische Zeitschrift, n° 209 1969, p. 566-615. 45 Wolfgang Schröder, Wahlrecht und Wahlen im Königreich Sachsen 1866-1896 », in Gerhard A. Ritter [dir.], Wahlen und WahlkĂ€mpfe in Deutschland. Von den AnfĂ€ngen im 19. Jahrhundert bis zur Bundesrepublik, DĂŒsseldorf, Droste, 1997, p. 79-130. 46 Thomas KĂŒhne, Dreiklassenwahlrecht und Wahlkultur in Preußen 1867-1914. Landtagswahlen zwischen korporativer Tradition und politischem Massenmarkt, DĂŒsseldorf, Droste, 1994 ; Simone LĂ€ssig, Karl Heinrich Pohl et James Retallack [dir.], Modernisierung und Region im wilhelminischen Deutschland. Wahlen, Wahlrecht und politische Kultur, Bielefeld, Verlag fĂŒr Regionalgeschichte, 1995. 47 Bernd JĂŒrgen Warneken [dir.], Als die Deutschen demonstrieren lernten. Das Kulturmuster friedliche Straßendemonstration » im preußischen Wahlrechtskampf 1908-1910, TĂŒbingen, Vereinigung fĂŒr Volkskunde, 1986 ; Thomas Lindenberger, Straßenpolitik. Zur Sozialgeschichte der öffentlichen Ordnung in Berlin 1900 bis 1914, Bonn, J. H. W. Dietz, 1995. 48 Pierre Casselle, Paris rĂ©publicain 1871-1914, Paris, Association pour la publication d’une histoire de Paris, 2003. 49 Klaus-Peter Sick, Ein fremdes Parlament als Argument. Die deutschen Liberalen im Kaiserreich und der Parlamentarismus der Dritten französischen Republik », in Wolther v. Kieseritzky et Klaus-Peter Sick [dir.], Demokratie in Deutschland. Chancen und GefĂ€hrdungen im 19. und 20. Jahrhundert, MĂŒnchen, C. H. Beck, 2000, p. 91-124 ; Mark Hewitson, National Identity and Political Thought in Germany. Wilhelmine Depictions of the French Third Republic, 1890-1914, Oxford, Oxford University Press, de page Table des illustrations Titre Ill. 1 Nuit Ă©lectorale Ă  Berlin. LĂ©gende Annonce des rĂ©sultats et projection des portraits des candidats devant le siĂšge de notre Ă©diteur Ullstein & Co dans la Kochstraße, dessins de Fritz Koch, Berliner Illustrirte Zeitung, n° 5, 3 fĂ©vrier 1907, p. 67. URL Fichier image/png, 856k Titre Ill. 2 Manifestation devant le chĂąteau royal de Berlin, aprĂšs le scrutin de ballottage du 5 fĂ©vrier. LĂ©gende Dessin de M. Plinzer, Illustrirte Zeitung Leipzig, n° 3320, 14 fĂ©vrier 1907, p. 247. URL Fichier image/png, 259k Titre Ill. 3 Emil Erk, Un discours Ă©lectoral » LĂ©gende TirĂ© de Der Wahre Jacob, n° 438, 5 mai 1903, p. 4032, supplĂ©ment. URL Fichier image/png, 920k Titre Ill. 4 Otto Marcus, Une rĂ©union socialiste fĂ©minine Ă  propos des Ă©lections parlementaires » LĂ©gende TirĂ© de Berliner Illustrirte Zeitung, Nr. 23, p. 354. URL Fichier image/png, 656k Titre Ill. 5 Les Ă©lections parlementaires Ă  Berlin instantanĂ©s du Reichstag » LĂ©gende Photographe inconnu, tirĂ© de Die Woche, n° 5, 2 fĂ©vrier 1907, p. 189. URL Fichier image/png, 380k Titre Ill. 6 Les Ă©lections parlementaires Ă  Berlin. Les Ă©lecteurs faisant la queue devant l’isoloir » LĂ©gende Photographie de Gordan & Delius, tirĂ©e de Berliner Illustrirte Zeitung, n° 26, 28 juin 1903, p. 403. URL Fichier image/png, 582k Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Andreas Biefang, La mobilisation politique dans lÂŽEmpire autoritaire », Revue d'histoire du XIXe siĂšcle, 46 2013, 95-117. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Andreas Biefang, La mobilisation politique dans lÂŽEmpire autoritaire », Revue d'histoire du XIXe siĂšcle [En ligne], 46 2013, mis en ligne le 01 juin 2016, consultĂ© le 18 aoĂ»t 2022. URL ; DOI Haut de page Auteur Andreas Biefang Andreas Biefang est chargĂ© de recherche Ă  la Kommission fĂŒr Geschichte fĂŒr des Parlamentarismus und der politischen Parteien Commission pour l’histoire du parlementarisme et des partis politiques.Haut de page
34.1.7 ApprĂ©ciation des articles R28 Ă  R44 du code Ă©lectoral (partie rĂšglementaire) ..45 R.52 du code Ă©lectoral (partie rĂšglementaire) ..46 . 2 3.5 ANALYSE DU CADRE LEGAL ET REGLEMENTAIRE RELATIVE A LA CONSTITUTION DU FICHIER ELECTORAL ET A LA GESTION DES CARTES D’ELECTEUR..46 3.5.1 ConformitĂ© du cadre lĂ©gal avec les prescrits

Est puni d'un emprisonnement d'un an Ă  cinq ans et d'une amende de Ă  dirhams quiconque a obtenu ou tentĂ© d'obtenir le suffrage d'un ou de plusieurs Ă©lecteurs par des dons ou libĂ©ralitĂ©s, en argent ou en nature, par des promesses de libĂ©ralitĂ©s, de faveurs d'emplois publics ou privĂ©s, ou d'autres avantages, en vue d'influencer leur vote, soit directement soit par l'entremise d'un tiers, ou ayant usĂ© des mĂȘmes moyens pour amener ou tenter d'amener un ou plusieurs Ă©lecteurs Ă  s'abstenir de voter. Sont punis des peines prĂ©vues ci-dessus ceux qui ont acceptĂ© ou sollicitĂ© les mĂȘmes dons, libĂ©ralitĂ©s ou promesses ainsi que ceux qui y ont servi d'intermĂ©diaire ou y ont participĂ©. Est puni d'un emprisonnement d'un an Ă  cinq ans et d'une amende de Ă  dirhams quiconque amĂšne ou tente d'amener un Ă©lecteur Ă  s'abstenir de voter ou influence ou tente d'influencer son vote par voie de fait, violences ou menaces soit en lui faisant craindre de perdre son emploi ou d'exposer Ă  un dommage sa personne, sa famille ou sa fortune. Est puni d'un emprisonnement d'un an Ă  cinq ans et d'une amende de Ă  dirhams quiconque a offert, pendant la campagne Ă©lectorale, des dons ou libĂ©ralitĂ©s, des promesses de libĂ©ralitĂ©s, ou de faveur administratives soit Ă  une collectivitĂ© locale soit Ă  un groupe de citoyens quels qu'ils soient, en vue d'influencer le vote d'un collĂšge Ă©lectoral ou d'une fraction de ce collĂšge. La peine est portĂ©e au double dans les cas prĂ©vus aux articles 100, 101 et 102 ci-dessus lorsque l'auteur de l'infraction est un fonctionnaire public ou un agent de l'administration ou d'une collectivitĂ© locale. Les condamnations prononcĂ©es en vertu des articles 100 Ă  102 ci-dessus, entraĂźnent l'inĂ©ligibilitĂ© pour deux mandats Ă©lectoraux successifs. Aucune poursuite ne peut ĂȘtre exercĂ©e contre un candidat, en vertu des articles 100 Ă  102 ci-dessus, avant la proclamation des rĂ©sultats du scrutin. En dehors des cas spĂ©cialement prĂ©vus par les lois en vigueur, est puni d'un emprisonnement d'un mois Ă  un an et d'une amende de 5 000 Ă  10 000 dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement quiconque soit dans une commission administrative, soit dans un bureau de vote ou de recensement des voix ou dans les bureaux des autoritĂ©s administratives locales, soit mĂȘme en dehors de ces locaux ou commissions, avant, pendant ou aprĂšs le scrutin, par inobservation volontaire des textes en vigueur ou par tous autres actes frauduleux, a violĂ© ou tentĂ© de violer le secret du vote, portĂ© atteinte ou tentĂ© de porter atteinte Ă  sa sincĂ©ritĂ©, empĂȘchĂ© ou tentĂ© d'empĂȘcher le dĂ©roulement des opĂ©rations du scrutin. La peine est portĂ©e au double lorsque l'auteur de l'infraction est un fonctionnaire public ou un agent de l'administration ou d'une collectivitĂ© locale. L'auteur d'une des infractions visĂ©es Ă  l'article prĂ©cĂ©dent peut, en outre, ĂȘtre condamnĂ© Ă  ĂȘtre privĂ© de ses droits civiques pendant une durĂ©e de deux ans au moins et de cinq ans au plus. En cas de rĂ©cidive, les peines d'emprisonnement et d'amende prĂ©vues au premier titre sont portĂ©es au double. Est en Ă©tat rĂ©cidive toute personne ayant Ă©tĂ©, par dĂ©cision irrĂ©vocable, condamnĂ©e pour infraction aux dispositions du prĂ©sent titre, en commet une autre de mĂȘme nature moins de cinq ans aprĂšs l'expiration de cette peine ou de sa prescription. L'action publique et l'action civile intentĂ©es en vertu des articles 80, 81, 85 Ă  98, 100 Ă  102 et 106 sont prescrites Ă  l'expiration d'un dĂ©lai de six mois Ă  partir du jour de la proclamation du rĂ©sultat de l'Ă©lection. Est puni d'un an Ă  cinq ans d'emprisonnement et d'une amende de Ă  dirhams, quiconque a obtenu ou tentĂ© d'obtenir le suffrage d'un ou de plusieurs Ă©lecteurs, par des dons ou libĂ©ralitĂ©s, en argent ou en nature, par des promesses de dons ou libĂ©ralitĂ©s, de faveurs d'emplois publics ou privĂ©s ou d'autres avantages, en vue d'influencer leur vote, soit directement soit par l'entremise d'un tiers, ou a usĂ© des mĂȘmes moyens pour amener ou tenter d'amener un ou plusieurs Ă©lecteurs Ă  s'abstenir de voter. Sont punis des peines visĂ©es ci-dessus ceux qui ont acceptĂ© ou sollicitĂ© les dons, libĂ©ralitĂ©s ou promesses prĂ©vus Ă  l'alinĂ©a prĂ©cĂ©dent, ainsi que ceux qui y ont servi d'intermĂ©diaire ou qui y ont participĂ©. Est puni d'un an Ă  cinq ans d'emprisonnement et d'une amende de Ă  dirhams, quiconque a offert, pendant la campagne Ă©lectorale, des dons ou libĂ©ralitĂ©s, des promesses de dons ou libĂ©ralitĂ©s ou de faveurs administratives soit Ă  une collectivitĂ© territoriale soit Ă  un groupe de citoyens quels qu'ils soient, en vue d'influencer le vote d'un collĂšge Ă©lectoral ou d'une fraction de ce collĂšge. Est puni d’un an Ă  cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de Ă  dirhams, quiconque a obtenu ou tentĂ© d’obtenir le suffrage d’un ou de plusieurs Ă©lecteurs, par des dons ou libĂ©ralitĂ©s, en argent ou en nature, par des promesses de dons ou libĂ©ralitĂ©s, de faveurs d’emplois publics ou privĂ©s ou d’autres avantages, en vue d’influencer leur vote, soit directement soit par l’entremise d’un tiers, ou a usĂ© des mĂȘmes moyens pour amener ou tenter d’amener un ou plusieurs Ă©lecteurs Ă  s’abstenir de voter. Sont punis des peines visĂ©es ci-dessus ceux qui ont acceptĂ© ou sollicitĂ© les dons libĂ©ralitĂ©s ou promesses prĂ©vus Ă  l’alinĂ©a prĂ©cĂ©dent, ainsi que ceux qui y ont servi d’intermĂ©diaire ou qui y ont participĂ©. Est puni d’un an Ă  cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de Ă  dirhams, quiconque a offert, pendant la campagne Ă©lectorale, des dons ou libĂ©ralitĂ©s, des promesses de dons ou libĂ©ralitĂ©s ou de faveurs administratives soit Ă  une collectivitĂ© territoriale soit Ă  un groupe de citoyens quels qu’ils soient, en vue d’influencer le vote des Ă©lecteurs ou une partie de ceux-ci.

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  • article l 97 du code Ă©lectoral